Tout jeune, je rêvais déjà d’être un auteur. Un beau jour, dans une maison de la jeunesse à Gothenburg, en 1952, j’assistai à la projection d’un film italien, intitulé Le Voleur de bicyclette. J’en fus profondément ébranlé. A l’époque je n’imaginais pas qu’un film puisse être autre chose qu’un simple divertissement. Je venais d’être confronté à quelque chose qui était de l’art pur.
Dès lors, je changeais d’avis. Je caressais un nouveau rêve. Je voulais devenir réalisateur. Rétrospectivement, je dois dire que ma génération a vraiment eu de la chance : nous avons grandi au moment où le meilleur du cinéma européen était à son apogée et créait ses oeuvres les plus importantes. Il y a longtemps que j’ai découvert mes trois films favoris de l’histoire du cinéma. Et rien ne les a encore détrônés.
1- Le Voleur de bicyclette de Vittoria De Sica. Selon moi, le film le plus politique de l’histoire.
2- Viridiana, de Luis Bunuel. Selon moi le film le plus intelligent de l’histoire.
3- Hiroshima mon amour, d’Alain Resnais. Selon moi, le film le plus poétique de l’histoire.
Viridiana est le seul à avoir remporté un prix à Cannes. Mais j’estime qu’ils méritaient tous trois une Palme d’or. Ce sont tout bonnement trois chefs d’oeuvre !
Viridiana est un film impressionnant à bien des égards. L’histoire est racontée avec une grande efficacité et un certain degré de froideur. Deux thèmes courent dans tout le film. Il y a d’abord le conflit idéalisme-pragmatisme, et il n’y a aucune ambiguïté sur le camp dans lequel se situe Bunuel. Un groupe de mendiants ne montre aucune gratitude envers le personnage principal, l’idéaliste Viridiana. Ils la violent à la fin du film. L’autre grand thème, c’est la sexualité, qui irrigue tout le film. Bunuel a parfaitement réussi son mélange. Je répète ce que j’ai dit : un extraordinaire chef d’oeuvre.