Où l’on apprend qu’Edgar Morin fut très tôt un cinéphage avant d’être un cinéphile. Que l’aspect épique de la révolution mise en image dans certains films soviétiques (Le Chemin de la vie), ou la mise en scène du Berlin des années trente (L’Opéra de quat’sous) ont construit sa pensée historique et sa conscience politique. Où l’on se remémore que Morin, au sortir de la Résistance, a écrit un essai qui est la source du Allemagne année zéro de Rossellini. Tout cela ne serait qu’intéressant si Mathieu Amalric ne lisait parfois le phrasé paradoxal des écrits trop méconnus sur le cinéma de Morin rédigés dans les années cinquante et forts appréciés en leur temps par André Bazin. Et tout cela n’aurait été qu’illustratif si les deux cinéastes ne montraient une conscience rare du cadre, de la chose filmée. Ainsi, ils projettent sur des façades de lotissements parisiens des plans de films qui ont marqué Morin et activé sa pensée. Comme une mémoire toujours active et mouvante dans sa ville cerveau.
Cinémorin
Edgar Morin, chronique d'un regard de Céline Gailleurd et Olivier Bohler : un penseur cinéphile.