Fin 2013. Désert de Néguev (sud d’Israël). Ouverture du centre de rétention de Holot, où cohabitent des milliers de demandeurs d’asile africains, érythréens pour la plupart. Avi Mograbi, accompagné du metteur en scène Chen Alon, a eu l’idée de donner à ces « détenus libres » le moyen de s’exprimer par le biais du Théâtre de l’Opprimé, créé dans les années 70 par le Brésilien Augusto Boal. Ils parviennent ainsi à prendre du recul sur leur misère, à se la réapproprier même, en improvisant dans un réfectoire militaire désaffecté des situations que l’on devine vécues. Sans jamais éluder le sentiment de rejet des ces hommes interdits d’accès au sud de Tel-Aviv, le film, en donnant la part belle à leur imaginaire, devient un laboratoire de jeu hypnotique. L’arrivée dans la troupe de citoyens israéliens sensibles à leur situation aboutit à un débat pertinent sur le principe d’identification entre « Noirs » et « Blancs ». Cette rencontre, chaleureuse, confère à ce beau documentaire une louable dimension humaniste.