C’est l’un des héros mais aussi un des martyrs du cinéma moderne. Le réalisateur des Chevaux de feu a longtemps été malmené par le régime soviétique. Provocateur, il fut jugé scandaleux et accusé d’homosexualité. Après cinq années d’emprisonnement, on l’assigna à résidence dans sa ville natale de Tbilissi en Géorgie où il passait ses journées à collecter mille objets pour bâtir son capharnaüm de beautés et d’extravagances. Loin de l’énième biopic hagiographique, solennel et compassé, Le Scandale Paradjanov est au contraire un joyeux et insolent hommage. Entièrement porté par le tempérament très exalté de Paradjanov, le film est à la fois sanguin, virevoltant, gracieux. C’est le réalisateur Serge Avédikian qui joue tel un derviche tourneur endiablé Paradjanov qu’il a lui-même connu. Sans jamais chercher à reproduire à l’identique la poétique singulière de l’auteur de Sayat Nova, il s’amuse pourtant comme lui à jouer avec les images comme avec des objets ou des collages. Il intègre Paradjanov à l’intérieur des plus fameuses scènes de ses propres films ; il imagine ses rêves sur un mode burlesque. À l’image de Paradjanov et de son cinéma, ce film de bric et de broc a quelque chose d’enfantin.
La Folle Parade de Paradjanov
Serge Avédikian retrouve l'innocence turbulente du grand réalisateur des Chevaux de feu dans Le Scandale Paradjanov