Alerte rouge écologique : le projet du gouvernement chinois consistant à déplacer l’eau du Sud du pays (qui en donne abondamment) dans le Nord (qui en manque) témoigne de la démesure d’un État rivé sur la croissance exponentielle de son PIB et oublieuse du reste. Ce qui frappe avant tout dans le documentaire d’Antoine Boutet (dont le titre traduit le nom de ces grands travaux), c’est la facilité déconcertante avec laquelle le pouvoir centralisé déplace des montagnes sans que le peuple soit invité au débat. Patiemment, la caméra du réalisateur enregistre la défiguration des paysages chinois. Et peu à peu, des voix indignées par les nombreuses conséquences désastreuses (déforestation massive, déplacements de population, augmentation des risques de catastrophes naturelles) se font entendre. Sud Eau Nord Déplacer donne la parole à un peuple désorganisé faute de structure sociale ou politique, et esquisse la possibilité d’une contestation par le biais d’Internet, alliant la splendeur de ses prises de vues à une visée militante ; le portrait d’un territoire devient alors celui d’un peuple.
La guerre de l’eau
Sud Eau Nord Déplacer d'Antoine Boutet, ou la Chine empoisonnée par son eau