Il y a deux films dans The Cut. Le premier est une coproduction internationale sur le génocide arménien survenu entre 1915 et 1917. Sans grand souffle, Akin s’acquitte un peu laborieusement du grand devoir mémoriel en empilant les séquences obligées : exposition du bonheur avant le drame, déportation du père dénommé Nazareth (Tahar Rahim), surgissement de la violence et enfin retour au pays du martyr qui n’a rien vu. Débute alors un deuxième film nettement plus intéressant où l’on retrouve le réalisateur de Head On et De l’autre côté. Nazareth apprend que ses deux jumelles ont survécu et qu’elles vivent désormais à Cuba. Le grand film collectif se transforme en aventure humaine aux quatre coins du monde, du désert aux tropiques, de La Havane aux plaines gelées du haut Wyoming. La longue marche du héros, ses déboires nombreux, ses impasses, ses fausses pistes, le racisme incessant de ses contemporains traduisent par leur durée, leur accumulation, le drame de la migration, sujet qui a toujours passionné Akin. Comme son titre l’indique, The Cut est bien un film coupé en deux, à la fois monument funéraire et long cheminement vers la douleur des exilés de force.
La quête d’Akin
Avec The Cut, Fatih Akin place le génocide arménien à hauteur d'homme.