Expo-monstre au Palais de Tokyo qui présente une galaxie d’artistes urbains contemporains. Comme une longue dérive, transgressive et euphorisante.
Non pas une exposition sur les villes, de Lagos à Mexico, en passant par Téhéran, et leurs artistes marginaux, punks impénitents, collectifs de bambochards, têtes pensantes et dérangeantes des scènes fashion, mais bien une exposition-ville. Une mégapole d’installations et d’oeuvres, labyrinthe urbain colossal, proliférant qui déploie ses ramifications au sein du Palais de Tokyo. Au détour de ses rues et de ses places improvisées, on croise le graffeur ZOMBRA, délinquant visuel qui opère en toute illégalité à Mexico, le duo iranien Mamali et Reza Shafahi, un père et un fils qui réinventent de façon trash et ludique, et à quatre mains, le lien générationnel, la sculptrice Chelsea Culprit et ses monumentales danseuses au repos, modelés d’un geste brut et ample, Barbara Sanchez-Kane qui fait sauter les cloisons du genre dans le monde de la mode en jouant sur la figure du « macho sentimental », cet homme qui n’est pas réduit à sa seule virilité… Mais il ne s’agit pas seulement d’une déambulation dans une ville hybride, un rêve composite où par d’insoupçonnées réticulations communiqueraient des mondes artistiques urbains distants de milliers de kilomètres. Il s’agit aussi, et surtout, à travers chaque oeuvre, à travers les liens qui se tissent des unes aux autres, de réinventer cet espace propre aux villes qu’est l’espace public, et que l’inflation sécuritaire ambiante menace. Réinventer un espace public, lieu de toutes les rencontres possibles, de tous les croisements : hommes et femmes, art et mode, un espace hors-la-loi et hors-norme, car mouvant, en perpétuel flux, toujours ouvert à l’imprévu.