Une ville française perdue. Deux chasseurs de primes débarquent dans un hôtel tenu par un étrange vieillard. Ils sont à la recherche d’un téléphone portable volé. Leur chemin croise celui d’un couple de marginaux échoués dans les parages. Tous ces personnages tentent de subsister dans un décor de désolation, dévoré par le froid et la mort qui rôde. Le cinéaste belge Bouli Lanners emprunte au western ses vastes étendues, ses petits villages, ses héros mutiques mais hauts en couleur, et ses règlements de comptes musclés. Il y ajoute son goût de l’absurde, de l’humour à froid, ses éclairs de poésie et sa tendresse pour les laissés-pour-compte. Sa mise en scène joue à merveille sur les ruptures de ton, entre moments contemplatifs, instants burlesques et jaillissements de violence. Ce quatrième long métrage très inspiré est aussi un véritable film de lutte, dans lequel la solidarité lutte contre l’instinct égoïste de survie, la communication tente de l’emporter sur le silence, et la foi cherche comme elle peut à gagner du terrain sur le non-sens.