L’Italien Lorenzo Castore (né en 1973) est de ceux pour qui la photo est vitale. Au sens le plus littéralement biologique du terme : elle est cette pratique qui, comme le flux du sang, la respiration, est un réflexe aussi quotidien que nécessaire. En 2011, il se penche sur ses archives, ces photos qu’il a amassées au fil du temps. Là se dessine quelque chose qui pourrait être un portrait, un journal intime en image. Mais l’expo s’intitule A Beginning : c’est moins ce qui est ainsi dévoilé qui compte, que le processus qui permet cette apparition. La brèche, l’interstice par où elle se manifeste. D’où cette imagerie récurrente de seuils : portes, fenêtres, miroirs, autant de lieux liminaires, de surfaces à franchir – ou non. D’où le feu aussi, la nécessaire brûlure qui permet de dissoudre les apparences et qui est sans doute le préalable à ce moment où, par la grâce de la surimpression, quelque chose d’autre émerge sur la photo, sous la surface du monde. D’où aussi, sans doute, ce goût pour une composition qu’on appellera en « foyer » : une zone centrale, circulaire (ici une coupelle ou un cendrier où fument encore des bouts de papier, là un piano pris comme dans un cercle de flammes). Comme un trou, un interstice par où quelque chose est sur le point d’advenir. Comme un écho, à chaque fois, des orifices essentiels de l’être humain, bouche, sexe féminin (l’une et l’autre font l’objet d’un cliché), et surtout de cet orifice essentiel pour le photographe, celui par où se déverse la lumière : l’oeil.
Exposition Lorenzo Castore, A Beginning, galerie Folia, jusqu’au 26 octobre