Un jour de 1951, une jeune femme se présente dans un hôpital de Baltimore – celui qui est réservé aux Noirs et aux pauvres. Elle est atteinte d’une tumeur dont les cellules sont si vivaces qu’elles peuvent être cultivées in vitro. Henrietta Lacks est décédée sans savoir que ses cellules ont été indéfiniment répliquées, permettant des avancées médicales considérables.
La pièce Henrietta Lacks prend la forme d’une émission télévisée qui braque ses projecteurs sur le médecin. Mais, de temps à autre, le spectacle vivant fait irruption dans l’univers télévisuel : les feux de la rampe éclairent soudain Henrietta Lacks ou M. Cancer, personnification de la maladie à combattre (le ballet de faisceaux orchestré par Rafał Paradowski est l’une des réussites de la mise en scène) en train d’effectuer un numéro de claquettes et de voler la vedette au médecin. La scène théâtrale offre ainsi un contrepoint à la scène médiatique et permet de rétablir une vérité. Une question se pose quant au postulat de départ – à savoir que Lacks a été oubliée parce qu’elle était une femme afro-américaine et pauvre : quid des milliers d’anonymes dont les cadavres ont été disséqués dans les leçons d’anatomie depuis des siècles ?