Le 29 mai se tenaient au Centre culturel suisse les Littératures suisses de printemps. Une soirée de lectures pour prendre le pouls battant de la Suisse des écrivains. 

C’est Max Lobe qui, dans son t-shirt d’un rouge éclatant, après une lecture truculente portée par une voix charmeuse (au sens le plus magique, ensorcelant) du terme, qui aura le mot de la fin, mais aussi le fin mot de cette troisième édition des Littératures suisses de printemps : la soirée était placée sous le signe du langage. Truisme ? Non, car il faut entendre par là une langue vivante – et non un précipité desséché et théorique. Cette langue corrosive, subversive et obscène qui est celle de Max Lobe. Mais celle aussi, facétieuse, de Fabrice Hadjadj, le plus suisse des Français, qui, sous l’invocation de Tolkien, ricoche sur les mots, les revitalise en permanence. Celle, vitale, de Laurence Verrey, qui dit bien l’« urgence de la parole » qui traverse et anime son texte, Lutter avec l’ange. Chez Rose-Marie Pagnard, c’est un cache-cache malicieux entre l’oral et l’écrit, la lecture redoublant, dans ses ellipses, le désir de l’auditeur. Et comme chacun sait, le désir est vital – sauf chez Katja Schönherr qui, avec sa traductrice, Barbara Fontaine, donnera à entendre quelques pages de son anatomie d’un couple déchiré, Marta et Artur. Mais rien de mortifère dans l’art, rythmé, souverainement attentif aux dialogues, de l’écrivain. Plus tard, c’est Méliké Oymek, en tandem avec Pat Genet, qui expliquera, de façon touchante, comment l’écriture a été une « bouffée d’air » pour elle, atteinte d’un bégaiement. Voilà : l’écriture comme reviviscence. Y a-t-il plus bel éloge de la littérature, de ses forces et de ses vertus ?

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