Nouvelle création du festival lyrique d’Aix-en-Provence, Combattimento, la théorie du cygne noir nous plonge dans un florilège baroque d’une certaine finesse.

À côté de vrais mastodontes, il n’est guère aisé de se faire une place au soleil. Au sein d’une programmation lyrique dense, copieuse et doublement attendue (ajournement covidien oblige…), Combattimento, la théorie du cygne noir, est une respiration baroque et courtoise. Dans le délicieux écrin du Théâtre du Jeu de Paume d’Aix en Provence, Sébastien Daucé et Silvia Costa ont mitonné une production expérimentale et délicate, qui semblera une pause idéale entre Wagner et Saariaho. 

Buonamante, Monteverdi, Massaino, Cavalli, Merula et Rossi sont ici convoqués, à travers des madrigaux, des airs ou des pièces orchestrales, piochés çà et là au gré de leurs œuvres respectives. En partant du célèbre combat de Tancrède et Clorinde, qui a hanté tout l’imaginaire musical et théâtral du XVIIe siècle, Daucé et Costa ont bâti une manière d’intrigue, tricotant un fil rouge entre les différentes pièces. 

Soyons honnêtes, on ne comprend pas grand-chose au récit. Délibérément sombre et épurée, la mise en scène est un artifice dont on se départit vite pour se laisser enivrer par la musique. Du moins au début… L’excellence de l’exécution et la beauté des œuvres ne parviennent hélas pas à estomper un sentiment croissant de monotonie qui envahit le spectateur. Tout cela est très beau, très raffiné, très bien mis en place, mais progressivement rasoir. On songe à ces dégustations de chocolat, qui enchantent certains gastronomes : passé le cinquième carré, on ne voit plus la différence ; au dixième, on aimerait que ça s’arrête.  


Combattimento, la théorie du cygne noir, par Sébastien Daucé et Silvia Costa, Festival d’Aix-en-Provence, Théâtre du Jeu de Paume, jusqu’au 18 juillet.