Après avoir enflammé le dancefloor du théâtre Benoît XII à Avignon, le duo gémellaire Israel Galván-Niño de Elche investit avec fougue et fièvre les Bernardines à Marseille et invite à un voyage au cœur palpitant du Flamenco.
À peine le noir se fait dans la salle qu’un air chaud, presque brûlant, envahit la scène. En quelques notes, la voix chaude de Francisco Contreras Molina, dit Niño de Elche, entraîne le spectateur dans un voyage immobile au cœur d’une Séville séculaire, de ses rues fourmillant de monde, de ses arènes vibrant aux rythmes estivaux des corridas, des novilladas. Face à lui, comme pour répondre à ce vibrant chant arabo-andalou, Israël Galvan se dresse, droit, fier, altier. Jambes tendues, mouvements secs, il fait claquer ses talons, frappe du plat de la main son torse. Entre les deux artistes, c’est comme une évidence.
Enfants terribles du Flamenco andalou, dont ils sont devenus au fil du temps des légendes, Israël Galván et Niño de Elche étaient faits pour se rencontrer. L’un est né à Séville dans une famille de danseurs. L’autre vient d’Alicante où il est biberonné depuis l’enfance au lait d’une Espagne folklorique, riche en couleurs et fière de ses coutumes. Rebelles à l’ordre établi, refusant de s’enfermer dans des traditions immémoriales, rêvant de liberté, de déplacer leur art, d’en déconstruire les fondements pour mieux le transcender, ils dissèquent et dépècent les codes et les règles avec une espièglerie de garnements surdoués.
Irrévérencieux autant qu’impertinents, Israël Galván et Niño de Elche expérimentent sans cesse, repoussant, avec exigence et pugnacité, à chaque fois un peu plus les limites de leur art. Cherchant de nouvelles sonorités, de nouvelles manières de souligner toute l’exubérance de la culture espagnole, l’un danse dans la farine ou sur des petits cailloux noirs jais, l’autre entremêle rap et rock aux sonorités arabo-andalouses.
Conjuguant leurs talents avec une virtuosité vertigineuse, ils construisent dans une communion d’idées et une complicité enflammée, un dialogue fiévreux entre musique et danse. Leur gémellité scénique est une évidence. Déchirants autant que plaintifs, les chants « slamés », « psalmodiés » de Niño de Elche envoûtent et ensorcellent la salle. Les claquements de talons sur le sol, de la paume des mains, amplifiés par l’ingénieux dispositif de Pedron Léon et Manu Prieto, qui quadrille le sol et capte le moindre son, Israel Galván entre en une transe frénétique, hypnotique. Électrisant l’atmosphère, les deux artistes signent un show flamboyant et font entrer de manière fracassante le flamenco dans le XXIe siècle.
Melizo Doble d’Israel Galván, Niño de Elche. Bernardines à Marseille, du 30 novembre au 18 décembre.
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