Le festival Présences organisé par Radio France du 5 au 13 février met à l’honneur le compositeur Tristan Murail.
Pour comprendre la musique contemporaine de Murail, rien de tel que d’imaginer un test de Rorschach sonore, ou la subjectivité des images s’inscrit librement dans une interprétation ouverte sur d’autres paysages oniriques. L’œuvre magistrale de Murail, l’esprit des dunes reconstitue le désert et les particules élémentaires du grain de sable avec écoulement cristallin. Car comme l’esprit de la bière est un alcool fort, l’esprit des dunes est beaucoup plus fort, capable de faire bouger des montagnes et de redessiner des cartes géographiques. Dans le crissement du sable, l’image se fait précise, et c’est Clint Eastwood qui s’avance dans un mirage. L’analogie n’est pas hasardeuse tant Murail paraît attiré par la tentation hollywoodienne du western crépusculaire, ou parfois pencher vers un George Antheil de la période Ballet mécanique. Ceci prend sa source dans les antagonismes discriminés, cette musique spectrale capable de s’inventer des pôles opposés et d’effacer le ventre mou de la réalité. L’extraordinaire Désintégrationvient ainsi projeter la musique dans un anneau d’accélération ou quarks, gluons et protons viennent s’écraser contre la muraille, du nom prémonitoire de Tristan Murail et le final survient dans une apothéose ou le musicien vient briser la limite vers un au-delà, une performance au revolver comme si, dans un même élan Sid Vicious et Tristan Murail à l’opposé du spectre, venaient de passer ensemble de l’autre côté du miroir et de la désintégration.
Festival Présences, du 5 au 13 février à la Maison de la Radio.
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