La galerie Loo&Lou dévoile en cette rentrée une exposition collective où s’énonce sa singulière identité, forgée autour d’une réflexion sur l’exploration du vivant.
Fidèle à l’esprit de son titre, à savoir Nature // Natures, l’exposition inaugurale de la galerie Loo&Lou en cette rentrée 2022 nourrit de fertiles parallélismes qui ne sauraient être confondus avec les idées d’éloignement ou de différence, mais partageraient davantage un sentiment de communion pour exprimer toute la corporéité du monde. Animés par le désir de penser le vivant au-delà de ses disparités et de ses divisions, les travaux de onze artistes réunis examinent les liens tissés entre le corps et la terre, la relation au sol et au paysage mais aussi à tout ce qu’elle nourrit, révélant ainsi la singulière identité de la galerie ordonnée autour d’une réflexion portée sur la nature et son souffle vital. Cette dernière se dévoile dans sa dimension plurielle et universelle tant les artistes travaillent autrement les éléments qui, irréductibles à leur seule matérialité, deviennent tout à la fois médiums et motifs, soit une précieuse source d’inspiration.
Dominique Lacloche opère ainsi d’étonnantes impressions argentiques sur feuille de Gunnera, support végétal de dimensions gigantesques tandis que Flo Arnold utilise dans ses précieuses sculptures le papier hydrofuge pour suggérer une essence éphémère, empreinte de fragilité. Nature et figures se côtoient et s’entrelacent, ils font corps, solidaires, tout induits par une poussée mimétique et un rapport symbiotique qui ne s’avérait en aucun cas problématique, mais relèverait bien plutôt d’un moment d’absorption l’élan d’une nature intensifiée et active, ce perpetuum mobile conçu comme un tourbillon mû par une énergie primordiale, génératrice de formes perpétuellement changeantes. Pareille amplification fait ainsi signe vers l’idée de gestation, à moins qu’il ne s’agisse d’une incessante germination tant elle emprunte les voies sinueuses de la métamorphose. Le fondamentalisme du corps dans sa relation avec la nature s’exprime dans les sculptures de Cédric le Corf où des os en céramique, comme fondus dans la nature et non plus distincts de l’environnement, adhèrent aux traces sinueuses laissées sur un tronc en bois. Cette harmonie discernée entre textures naturelles et structures corporelles convoque toute la teneur magistrale du règne végétal, laquelle s’épanche également dans les paysages de Joël Person, de Paul de Pignol et d’Olivier de Sagazan. Qu’il s’agisse des fusains rehaussés de pastel d’Arghaël, des huiles de Christophe Miralles et des toiles peintes à l’encre de gravure de Johan Van Mullem, les œuvres distillent une vision proche de la rêverie, comme échafaudée autour de la beauté des formes fondamentales et de leurs contours mouvants, rendue ici éminemment subjective. Les paysages italiens photographiés par Jean-Claude Wouters se situent quant à eux à la limite du perceptible tant la lumière qui les inonde efface leur image, ne dévoilant alors qu’une essence et in fine un état, celui d’être au monde.
Nature // Natures. Galerie Loo&Lou. Du 23 septembre au 12 novembre. looandlougallery.com