L’architecte français Pierre-Louis Faloci crée des percées lumineuses pour mettre en relation les bâtiments conçus avec l’environnement qui les accueille.
La Cité de l’Architecture expose douze projets de Pierre-Louis Faloci, Grand Prix national de l’architecture en 2018. Les diaporamas de ses réalisations jaillissent d’une succession d’alcôves, accompagnés des maquettes et des recherches visuelles et conceptuelles qui en révèlent les idées sous-jacentes. Au centre de cet espace plongé dans la pénombre, esthétique qui rappelle les réalisations de l’architecte français, une longue table présente ses influences culturelles. Ainsi s’inspire-t-il du studio de verre de Georges Méliès à Montreuil pour réhabiliter la Ménagerie de Verre à Paris, ou, pour la restructuration du Musée d’art et d’histoire de Rochefort-sur-Mer, des Demoiselles de Rochefort de Jacques Demy et de la maison de Pierre Loti située non loin de l’institution. « J’ai mélangé la mémoire d’un film et la mémoire d’une personne », explique l’architecte lors de l’inauguration de l’exposition. Les expérimentations plastiques autour de la lumière de Doug Wheeler se retrouvent dans l’espace du Musée de la Bataille de Valmy. Les découpes de bâtiments de Gordon Matta-Clark « lui ont donné le courage de faire une percée dans la Halle aux sucres de Dunkerque », confie Joseph Abram, le commissaire.
Le langage formel de Pierre-Louis Faloci prend ses racines dans un traumatisme lointain. Un immeuble fut construit devant la maison niçoise de son enfance, lui dissimulant la mer. « Brusquement cette vue m’a été enlevée à l’âge de 13 ans. Cet effacement m’a poussé vers toutes les formes de recherche sur l’optique, avec en particulier la photographie, le cinéma, et leurs outils. », témoigne-t-il. Depuis, l’architecte dessine des maisons et des édifices en relation avec leurs environnements, deux éléments indissociables. Il en perce les murs de fenêtres et baies vitrées ouvrant sur le paysage, il imagine le bâtiment comme un prolongement de la nature, il le coupe en deux pour faire passage. Admirateur du travail sur la perspective d’André Le Nôtre, dont la modernité le marqua à vie, précise-t-il, il pense les plans, paysages proches et lointains, les pentes et les allées, organise les vues, cadre, voire cadre dans le cadre à la manière d’Antonioni dans L’Avventura. Pierre-Louis Faloci construit des dispositifs optiques. Ses architectures, si elles sont tournées vers l’extérieur, pensent aussi l’expérience intérieure. Les lignes sont épurées, la scénographie est retenue, « il n’y a jamais de couleur, mais de la matière et de la lumière », précise-t-il. Sa conception d’une « écologie du regard » rejoint ses préoccupations écologiques dans l’usage des matériaux. Pour le Musée archéologique de Mariana en Corse seuls les galets issus d’une rivière à proximité ont été employés. Pour prolonger l’exploration de l’architecture contemporaine et ses réflexions écologiques, la Cité de l’Architecture présente les cinq lauréats du Global Award for Sustainable Architecture dont l’indienne Anupama Kundoo et le paysagiste Gilles Clément.
Pierre-Louis Faloci, Une écologie du regard. Cité de l’Architecture et du Patrimoine.
Jusqu’au 29 mai 2023 www.citedelarchitecture.fr