Après avoir enchanté les festivaliers à Avignon, Sans tambour, la dernière création théâtrale et musicale de Samuel Achache, s’installe début décembre au Théâtre Gérard Philipe de Saint-Denis, dans le cadre du Festival d’Automne. Rencontre avec un des metteurs en scène les plus originaux d’aujourd’hui.
Comment est né ce projet fou mêlant le théâtre et les lieder de Schumann, qui nous raconte la fin d’un couple par une maison, sur le point de s’effondrer ?
Depuis longtemps, j’avais le désir de travailler autour des lieder de Schumann. D’autant, qu’en 2017, on avait imaginé avec Jeanne Candel, un spectacle intitulé La chute de la maison, qui s’en inspirait mais pour lequel le travail musical n’avait pas la même ampleur. Je me suis donc replongé dedans, j’ai étudié les textes, la musique, avec Florent Hubert. Plus je les décortiquais, plus il est devenu évident que je souhaitais en faire non une forme concert mais bien un objet théâtral. Tout faisait écho à ce que je vivais à ce moment-là, notamment la rupture amoureuse. Lorsqu’un couple s’effondre, c’est aussi la chute d’un univers.
Le spectacle est une sorte de joyeux bordel, où se conjuguent l’opératique, le burlesque. Comme travaillez-vous avec les comédiens, les chanteurs, les musiciens ?
C’est avant tout un travail collectif, Nous sommes partis de cette maison qui s’écroule, de cette séparation, de cette musique omniprésente, et nous avons à coups d’improvisations reconstruit un monde, fait repartir un cœur qui avait du plomb dans l’aile. Après, j’ai toujours l’impression que chaque création est un recommencement. C’est à la fois un problème et une chance. Là nous sommes partis des lieder, qui sont des précipités de vie. Ils ne sont absolument pas narratifs comme un opéra, il a donc fallu que l’on trouve comment les mailler les uns avec les autres, imaginer des choses autour, des histoires, pour que cela fasse récit. C’est en fait très artisanal.
D’où cette idée d’une maison en métamorphose vous est-elle venue ?
Au tout début, quand on a commencé à travailler à la table, je souhaitais que la maison soit quasi terminée et qu’au lever de rideau, quand l’artisan s’apprête à achever son ouvrage, tout s’écroule. Au fil des répétitions, le concept a évolué. Le décor tel qu’il est aujourd’hui, cette maison éventrée, où tout tient par miracle, s’est formalisé dans les quinze derniers jours avant la première.
Vous travaillez souvent avec les même artistes …
Il y a une histoire et un langage commun, une manière singulière de faire du théâtre. Mais pour cette création, je voulais apporter un souffle nouveau. Je trouve important justement de ne pas être figé. Les nouveaux artistes qui ont rejoint le noyau dur – Léo-Antonin Lutinier, Sarah Le Picard Antonin Tri Hoang et Florent Hubert – nous ont fait changer.
Sans tambour de Samuel Achache. Du 1er au 11 décembre au TGP, Saint-Denis. Du 10 au 12 janvier à la Manufacture de Nancy. Les 3 et 4 février aux Points communs, Cergy Pontoise. Du 22 février au 5 mars aux Bouffes du Nord, Paris.