Roberto González-Monjas dirige une production scénique attendue du Requiem de Mozart à l’Opéra de Bordeaux.
De Bob Wilson à Romeo Castellucci, en passant par Deborah Warner, nombreux sont les cadors du théâtre à avoir mis en scène des chefs-d’œuvre du répertoire sacré. On n’a donc pas été surpris d’apprendre que Stéphane Braunschweig préparait un Requiem, de Mozart, pour l’Opéra de Bordeaux. Ce sera l’occasion de découvrir ou de réécouter, en fosse, un habitué du Mozarteum et de la Camerata de Salzbourg mais également du festival de Verbier : Roberto González-Monjas. Ce soliste et chambriste recherché, né le 23 février 1988 à Valladolid, en Espagne, avait quatre ans quand il a vu une captation filmée d’Anne-Sophie Mutter interprétant le Concerto pour violon, de Beethoven : « j’ai su immédiatement que ce serait mon métier. Ma mère psychologue, qui mettait des cassettes de musique classique pour nous endormir et nous réveiller, m’a donc inscrit au conservatoire de Valladolid où j’ai été formé ». C’est en travaillant, des années plus tard, avec l’Iberacademy —orchestre de jeunes défavorisés cofondé avec Alejandro Posada à Medellin, en Colombie, mais qui opère également en Bolivie, au Pérou, au Chili et à Cuba— que González-Monjas s’est mis à diriger ; d’abord depuis son violon puis, lorsque l’orchestre a accueilli un chœur, avec une baguette. « Ce ne fut en aucun cas la réalisation d’un rêve car il y a mille manières d’être musicien ; c’est un art qui apporte son lot quotidien de surprises », précise-t-il.
S’il n’a pas appris la direction d’orchestre, il a eu tout loisir d’observer le chef Antonio Pappano lorsqu’il était premier violon de l’orchestre de la Santa Cecilia de Rome : « Sa manière de gérer un groupe de musiciens, avec ses moments de tension et de grâce, était fascinante ; il n’y a pas plus passionné et inspirant que lui ». Il loue également « l’intelligence musicale et la gestique parfaite », de Daniele Gatti, la « sensibilité aigüe et l’ouverture d’esprit » de Sakari Oramo, même s’il s’accorde avec nous sur le fait que les chefs du passé avaient une personnalité autrement plus affirmée : « Il est vrai que Solti, dans la marche funèbre de Siegfried, Celibidache, dans Bruckner, Bruno Walter ou encore Carlos Kleiber ont marqué certaines œuvres de leur empreinte. Mais notre rôle a changé : on attend désormais de nous que nous servions fidèlement la partition, ce dont je ne me contente pas. Avec les orchestres dont j’ai la charge, je cherche à créer des programmes intéressants, à surprendre. On n’est pas là pour divertir, on doit entraîner le public dans un voyage, éclairer les œuvres du passé par d’autres contemporaines, confronter Bach et Kurtag. C’est pourquoi je suis confiant dans ce que va faire Stéphane Braunschweig pour renouveler notre écoute du Requiem de Mozart. On va jouer la version de Süssmayer. Certes, ce dernier a plaqué des traits d’époque sur cette œuvre inachevée. Mais je trouve très poétique le fait que Mozart nous ait quitté sur une énigme à résoudre, presque une morale : l’idée que la vie ne saurait être parfaite ».
Requiem de Wolfgang Amadeus Mozart. Dir. Roberto González-Monjas. Mise en scène Stéphane Braunschweig. Du 20 au 28 janvier à l’Opéra national de Bordeaux. www.opera-bordeaux.com/