Et si une disparition bouleversante était l’opportunité de retrouver sa propre part manquante ? C’est l’une des questions de La Disparition du Groupe Fantôme. Un spectacle entre hypnose, thriller et voyage intérieur.
Pour leur première création en tant que collectif, Clément Aubert, Romain Cottard et Paul Jeanson, les trois membres du Groupe Fantôme (il en manque un pour notre rencontre) se sont emparés du pire : la disparition d’un enfant. Celle-ci survient alors qu’il assistait à une représentation théâtrale du Lac, en compagnie de sa mère. Qu’est devenu l’enfant ? Assis, face au public, devant un cadre lumineux, les trois auteurs, metteurs en scène et comédiens, qui s’appellent par leurs prénoms, entreprennent de nous raconter cette histoire. Ce traumatisme est le début du voyage. « Il y a un quatrième mur interactif dont l’objectif est de semer la confusion et de créer des brèches pour que chaque personne du public puisse dialoguer intimement entre ce que l’on raconte sur scène et son parcours personnel », nous explique Romain Cottard. Cet étrange projet, ils l’ont d’ailleurs construit de façon interactive, en travaillant tous les après-midi de leurs résidences de création devant des spectateurs, à l’écoute de leur réception. Une nécessité pour que le public ne se sente pas pris en otage par les artistes. Mais aussi pour que « l’objet du spectacle se révèle dans chaque vécu intérieur ». Car l’enfant n’est que le point de départ de La Disparition, une métaphore symbolisant une perte. « C’est l’enfant intérieur. Il représente notre enfant avec lequel on n’a pas communiqué depuis longtemps. C’est aussi la naïveté de l’enfant qui peut tout créer », souligne Clément Aubert. La disparition de l’enfant est une métaphore, celle d’un évènement bien réel et très personnel que le collectif garde secret mais qui a bouleversé leur rapport à la vie. « Cet évènement a fait disparaître notre part manquante, cette chimère après laquelle on court. C’était comme un enfant à consoler ». Les membres du Groupe fantôme, dont tous ont longtemps joué pour d’autres metteurs en scène, sont animés ici par un désir fort : consoler et terrifier. Même si la consolation l’emporte. Pour ce faire, ils ont recours à l’hypnose, au mentalisme, et ont effectué des recherches dans des domaines aussi variés que la philosophie hindouiste, le mentalisme, les drogues et la physique quantique ! Passionnés par la perception et l’illusion, ils s’emparent aussi de l’hypnose : « on le fait avec prudence, pour explorer de nouveaux territoires de la prise de parole, pour toucher les spectateurs de façon cérébrale et organique ». Cette approche sensible passe par un travail subtil sur le son. Équipées de micros, parées de nappes sonores, les voix des comédiens travaillent de façon presque subliminale sur le public. Car il s’agit, en s’évadant du thriller et de l’expérience commune, de partir à la rencontre de soi. Et de l’autre pour « regarder le vide ensemble », sourit pudiquement Clément Aubert.
La Disparition, par le Groupe Fantôme, au Théâtre des Gémeaux du 3 au 5 février puis au Studio d’Asnières du 17 au 19 mars.