Rencontre avec Julien Masmondet, chef d’orchestre et fondateur du collectif Les Apaches !, à l’origine de la création Street Art !, qui lie le Free Running avec la musique contemporaine. Avant de découvrir ce spectacle à l’Athénée, il nous parle de la musique d’aujourd’hui, et de ses ponts vers l’art urbain, virtuel, d’aujourd’hui.
Les Apaches ! est un ensemble de musique classique ou contemporaine ?
Le désir à travers Les Apaches ! est de faire dialoguer les œuvres du répertoire et les musiques d’aujourd’hui. Nous avons choisi le nom en hommage au cercle de Ravel, qui, il y a plus d’un siècle, regroupait des musiciens et des artistes à Paris, et a révolutionné le monde des arts. J’ai souhaité retrouver cette émulation artistique en faisant se rencontrer compositeurs et artistes. Pour les musiciens, l’idée est de revisiter les œuvres du répertoire, ou d’en créer de neuves. Nos musiciens sont tous sortis du conservatoire il y a trois, quatre ans, je les ai choisis pour leur curiosité, on est autour de quinze, vingt musiciens, donc tout le monde se retrouve dans une position de soliste, ce qui est une chance, et puis il y a toujours une approche scénographique, bouleversant les codes de l’orchestre classique. Et je crois que la nouvelle génération a besoin et envie de sortir du cadre du concert classique.
Street art un nouveau défi pour vous puisque vous mettez en scène des Free Runners et les musiciens des Apaches !…
C’est une grande première. J’ai découvert la pratique du Free Running à travers Instagram, en voyant Simon Nogueira ( qui collabore au spectacle) évoluer sur les toits. Le Free Running est une pratique poétique, qui exprime une liberté par les mouvements, et j’ai trouvé une analogie avec la musique contemporaine, qui elle aussi se nourrit beaucoup de l’art urbain. Pour moi, le mouvement du Free Running est la traduction physique de la liberté de la musique contemporaine. Regardez les compositeurs que l’on a choisis : Steve Reich s’est inspiré de deux chansons de Radiohead, c’est très rare, de même Pascal Zavaro ou Nicolas Canot qui s’inspirent du rock et de la techno. Le Free Running en vidéo est souvent présenté avec du rap, mais la rencontre avec la création contemporaine fonctionne vraiment très bien.
Pouvez-vous déjà nous donner quelques indices de la mise en scène ?
On a choisi que l’ensemble soit au plateau, car tout projet des Apaches ! est d’abord musical. Il y aura treize musiciens et les Free Runners évolueront en salle et sur le plateau. Seront projetées aussi des vidéos qu’on a tournées pour le spectacle, notamment sur le toit du musée d’Orsay. L’idée est de s’adapter au lieu, d’abord à l’Athénée, puis on va jouer au musée d’Orsay. J’ai voulu aussi que l’orchestre bouge, ils jouent parfois debout, notamment dans la pièce finale, de Fabien Cali. Je me sens toujours inspiré par les musiciens de rock dont on sent physiquement l’engagement des interprètes. J’aimerais que l’on ressente la même chose pour les musiciens des Apaches !
Steve Reich et le mouvement minimaliste auquel il appartient sont-ils une source d’inspiration pour vous ?
Les minimalistes américains ont réussi ce challenge de toucher un public non spécialisé et nous aussi voulons sortir de la niche des initiés. Je crois que musique contemporaine est le langage qui parle le mieux de notre époque : le début du XXIe siècle peut être ce champ d’expérimentation, comme l’a été le Paris du début du XXe siècle. C’est cette effervescence que je veux retrouver, en utilisant la vidéo, la réalité numérique, et tout ce qui nous est offert.
Street Art ! Musique Steve Reich, Fabien Cali, Régis Campo, Nicolas Canot, Pascal Zavaro, direction musicale Julien Masmondet, avec Les Apaches !, théâtre de l’Athénée, 12 et 13 mai.