Au moyen de la peinture à l’huile et de la céramique, France Bizot revisite à la Backslash
galerie l’esthétique déployée par les Polaroids, questionnant ainsi la place des selfies dans notre
société.
Pendant près d’un demi-siècle, le Polaroid a été synonyme de photographie instantanée : amateurs ou professionnels, tous s’enthousiasmaient à l’idée d’appuyer sur le déclencheur de l’appareil pour en voir sortir un petit tirage, quelques minutes plus tard, de manière libre et spontanée. Objet culte au cadre blanc immédiatement identifiable – tout comme son format carré – le Polaroid s’est alors rapidement imposé jusqu’à devenir emblématique d’une pratique photographique vernaculaire des décennies passées. Promis aux images iconiques, les films et les appareils Polaroid ont cependant souffert de la révolution numérique pour finalement s’éclipser, laissant alors libre cours aux selfies et autres clichés de fixer la représentation de moments puisés dans le quotidien, tout aussi divers que variés.
C’est au moyen de la peinture à l’huile et de la céramique que l’artiste plasticienne France Bizot – également directrice artistique mondialement connue dans le domaine de la publicité – revisite les caractères spécifiques de ce cliché instantané, qu’elle met ainsi en parallèle avec l’iconographie des réseaux sociaux qui fonde notre présent et notre actualité. À la galerie Backslash, ses peintures hyperréalistes instruisent alors la place de ces images dans notre société : sa galerie de portraits peints sur Polaroids ou des formats apparentés à ce dernier, mettent ainsi en scène des selfies capturés sur écran d’I-phone, parfaitement étudiés. Des visages principalement féminins, mais aussi des vues du corps représenté en plan rapproché, s’ordonnent aux côtés de portraits de célébrités, de Warhol à Pharrell Williams en passant par David Hockney. Renvoyant subtilement à la culture iconophage et voyeuriste de notre époque, l’exposition se poursuit avec des pièces en faïence également conçues au format polaroid (20 x26 cm), au sein desquels l’artiste réactualise les madones séculaires, semblant ainsi nous livrer comme une archéologie rénovée des selfies et de tous les portraits qui leurs sont affiliés.
« POLAROILS » de France Bizot
Jusqu’au 16 décembre 2023
Galerie Backslash
www.backslash.com