Puisant la matière de sa nouvelle fiction à partir d’un fait divers, Joachim Lafosse prend son spectateur par la main et l’invite à pénétrer l’intimité d’une famille bourgeoise, vouée au silence par un abominable secret.
Mais parce que ce cinéma repose entièrement sur des enjeux psychologiques, lesquels ne peuvent apparemment être communiqués qu’à travers des dialogues sentencieux ou faussement sibyllins, le silence ne fait pas longtemps illusion, dévoilant dès le mitan du film son caractère artificiel. Ce silence-là n’intéresse personne, et surtout pas le réalisateur, bien empressé de libérer la parole, de tracer une ligne nette entre victimes et coupable, prenant mille précautions pour s’assurer que sa caméra se tienne toujours du bon côté. Ce souci d’effacer simultanément tout soupçon d’ambiguïté et toute idée de mise en scène, forcément suspecte, plonge Un Silence dans une anesthésie générale dans laquelle le fait divers, défait de son potentiel subversif et introspectif, occupe le pire des rôles : celui d’une illustration à utilité sociale.
Synopsis : Silencieuse depuis 25 ans, Astrid la femme d’un célèbre avocat voit son équilibre familial s’effondrer lorsque ses enfants se mettent en quête de justice.
Un Silence, de Joachim Lafosse, avec Daniel Auteuil, Emmanuelle Devos, Jeanne Cherhal chez Les films du Losange, en salle le 10 janvier 2024. Plus d’informations