Brillant coup double pour Ora-ïto avec un retour aux sources d’une pratique déployée depuis 25 ans à travers le design industriel et l’architecture.
Est-il encore besoin de présenter Ora-ïto ? Autodidacte iconoclaste, il est propulsé à 19 ans sur le devant de la scène internationale en détournant de manière virtuelle les produits de marques iconiques telles que Vuitton, Apple ou Nike, l’ensemble témoignant d’une vision pop et inédite résolument ancrée dans la révolution numérique. Ora-ïto devient alors le plus jeune designer de sa génération à collaborer avec les fleurons du luxe et de l’industrie, travaillant avec les éditeurs Cassina, Artémide et Cappellini. Profondément pluridisciplinaire, le créateur livre alors une approche décloisonnée et travaille sur des projets à l’étendue variée, dévoilant un design sculptural où les frontières entre les mondes physique et digital sont sans cesse redistribuées. Son empreinte durable se matérialise dans un champ varié, des cinémas Pathé au métro de Marseille en passant par Nice et son nouveau tramway et nombre de ses réalisations ont intégré la collection permanente du Centre Pompidou.
Ordonné Chevalier des Arts et des Lettres en 2011, il fonde en 2013 le MAMO, le centre d’art sur le toit terrasse de la mythique Cité Radieuse conçue par Le Corbusier à Marseille. Il y expose les plus grands artistes contemporains, de Xavier Veilhan à Dan Graham, avant d’inaugurer une collaboration architecturale avec Daniel Buren. Pensé comme un plan libre ouvert à la lumière et aux vents, rentrant en pleine résonance avec les éléments, ce lieu mythique à l’architecture puriste résume la passion du designer pour la lévitation et la légèreté et comme il se plaît à nous le confier : « Défier les lois de la gravité provoque des sensations qui vont au-delà de l’esthétique. »
Car son répertoire formel, au cœur d’une vision transversale, perce et transcende la matière comme une évidence : les lignes sont claires, fluides, énergiques, elles témoignent d’une exceptionnelle modularité, toute gouvernée par l’épure et la Simplexité, à savoir l’idée à la portée oxymorique qu’il n’existe rien de plus complexe que de créer un objet simple. Son vocable matriciel relève d’un idiome moderniste réactualisé, ordonné autour de lignes, de cercles et de carrés, soit autant de formes géométriques au fondement du langage volumique qui constitue l’essence de sa pratique. Cette dernière se retrouve mise à nu dans les œuvres sculpturales composées de plaques d’aluminium noires ou colorées, semblant comme flotter sur une base composite blanche. Pourvues de rondeurs sensuelles à la qualité toute minimaliste, leurs silhouettes évoquent des interfaces, matérielles ou numériques, parfaitement emblématiques de notre contemporanéité. La couleur a ici toute son importance tant elle irradie par sa présence la galerie Podgorny de Saint-Paul de Vence, au sein de laquelle l’artiste reconduit l’idée d’une appréhension spatiale où les sens visuels et tactiles résonnent ensemble dans un domaine unifié par l’harmonie des échelles et des proportions. L’œil se retrouve ainsi aimanté par la rigueur de cette œuvre intemporelle, laquelle caractérise l’essence même du design et de l’architecture.
Grammatology – Ora-ïto
Part One du 15 mai au 15 juillet – Podgorny Gallery Place de Gaulle, Saint-Paul de Vence.
Part Two du 18 juillet au 24 août – Kolektiv Cité Radieuse 313.