Quand la musique s’élève parmi masques dogons et objets sacrés…Un concert hors-normes au Musée du Quai Branly
C’est au sein d’une collection d’objets sacrés, que la musique du Balcon s’élève. Parmi des masques dogons, des totems de la fécondité et autres instruments exhumés des arts premiers , que les musiciens se sont disséminés, afin de faire entendre sons et harmonies d’une composition écrite pour les lieux. IL y a toujours dans les concerts ainsi pensés pour les musées, le sentiment d’assister à un évènement secret et spectaculaire, la rencontre de l’art visuel. Mais le concert du Balcon au quai Branly, s’inscrit dans une autre perspective : installé dans la collection de Marc Ladreit de Lacharrière, au-dessus des collections permanentes, l’ensemble a choisi de faire corps avec les objets du musée, en empruntant aux musiques et sons des civilisations auxquelles ils appartiennent. On connaît le goût de l’Ensemble pour les expériences hors-normes, comme la recréation qu’ils terminent bientôt à la Philharmonie du faramineux cycle Licht de Stockhausen, et la finesse avec laquelle ces musiciens approchent la musique contemporaine. Mais ici, ils se révèlent aussi d’une grande délicatesse dans la musique composée par Augustin Muller, et la spatialisation qui la soutient. Ainsi le concert s’ouvre-t-il par un enregistrement d’un ensemble de témoignages ou d’interviews de musiciens sur la musique, et le sens donné à celle-ci. Puis la musique écrite s’enclenche, grâce au trombone, violon, violoncelle, percussionniste, basson, flûtiste, harpiste, et la musique électronique. Surprise, les musiciens ne sont pas regroupés, mais disséminés entre les vitrines et objets. S’ils souhaitent suivre le concert au mieux, les spectateurs sont invités à se déplacer parmi les musiciens et les vitrines. Cette déambulation accentue ainsi l’idée d’une musique-musée : les sons produits ne formant qu’un avec le récit et la spiritualité portés par les totems de femmes, de dieux, d’animaux, ou d’instruments de musique, qui nous entourent. Nul hasard donc que le concert s’intitule, « C’est toi qui donnes le son », car toute la musique, fondée sur échos et dialogues, nous interpelle sur l’origine du son, qu’il soit parmi les objets, dans les corps des musiciens, ou chez ces musiciens que l’on entend parler de leur rapport viscéral à la musique. La fin du concert nous mène à une poignante spiritualité, grâce au chant du contre-ténor Rodrigo Ferreira. Et un instant, après le dernier son, le public, retenant son souffle et observant une dernière fois les statues des Dogons les toisant, n’ose applaudir un si beau moment.
C’est toi qui donnes le son, Le Balcon, Musée du Quai Branly, jusqu’au 12 octobre. Plus d’infos sur www.quaibranly.fr