Au théâtre 14, Charles Templon adapte, avec succès, le documentaire sur le suicide assisté en Suisse de Fernand Melgar et questionne habilement notre rapport à la mort et à l’euthanasie.

Regarder la mort en face, ne pas flancher, ne pas attendre qu’elle vienne, choisir le bon moment avant la déchéance, la souffrance. En Suisse, depuis 1942, il est possible d’avoir recours au suicide assisté. Très encadré, il permet sous certaines conditions très strictes, à des personnes souffrant de maladies graves et incurables de partir dignement. En France, le sujet fait débat. Après la suspension de son examen en raison de la dissolution de l’Assemblée en juin dernier, le projet de loi relatif à l’accompagnement des malades et de la fin de vie pourrait revenir au parlement à la demande insistante des associations.

Sans brusquerie, avec intelligence et tendresse, Charles Templon s’empare de ce sujet brûlant de société sans chercher à faire un plaidoyer. S’appuyant sur l’adaptation fidèle et enlevée de Karine Dubernet et Benjamin Gauthier, il plonge le spectateur au plus près de situations vécues. Ici pas de pathos, mais de l’empathie et du cœur. La vie, on la croque jusqu’à plus soif, mais quand le mal ronge et qu’il est temps de tirer sa référence, autant le faire bien. Un diner, une coupe de champ’, des amis autour et surtout les bénévoles de l’association Exit, qui existe depuis plus de 20 ans, pour tout bien faire dans les règles, un cachet et tout est fini.

Bien sûr, on s’attache. D’un côté, il y a les aidants qui font ce qui peuvent et qui absorbent la souffrance d’autrui. De l’autre les malades, qui n’en peuvent plus de souffrir, qui ne veulent pas être un poids pour leurs proches. On pleure, mais la pièce n’est pas triste. Derrière les larmes, le rire jaillit. N’oubliant pas que nous sommes en Suisse, le ton est forcément décalé, les situations le plus souvent cocasses. Et puis surtout, il y a cette troupe de comédiennes et de comédiens profondément épatants. Nanou Garcia, Philippe Awat, Lucie Gallo, Marie-Sohna Condé, et Benjamin Gauthier donnent vie à ces hommes, ces femmes de l’ombre, ces combattants de la fatalité, ils sont prodigieux. C’est beau, c’est émouvant, c’est humain tout simplement !

Exit d’après le documentaire de Fernand Melgar, Mise en scène de Charles Templon. Du 5 au 23 novembre 2024 au Théâtre 14. 

Plus d’infos sur https://theatre14.fr