Mounir Ayache
Le chant des sirènes, jusqu’au 13 janvier, Villa Médicis, Rome, villamedici.it et Arabofuturs, science-fiction et nouveaux imaginaires, jusqu’au 12 janvier, Institut du monde arabe, Paris, imarabe.org
Étonnant, on ne sait si c’est une sculpture artistique ou un objet technologique venu du futur. Le franco-marocain Mounir Ayache (né en 1991) donne une vie réelle aux imaginaires des jeux vidéo. En recourant aux codes de la science-fiction, il s’inscrit dans la veine du courant « arabofuturiste » pour reprendre le terme de l’exposition actuelle à l’Institut du Monde arabe où il expose aux côtés d’autres artistes souhaitant inventer les formes du futur. Diplômé des Beaux-Arts de Paris en 2017, et pensionnaire à la Villa Médicis en 2023-2024, il revient dans l’écrin romain pour présenter, au sein de l’exposition Le chant des sirènes, un diorama fascinant où robotique, impression 3D et motif traditionnel mettent en scène Léon l’Africain, de retour à Rome sous les eaux, 500 ans après notre ère. Une magnifique dystopie sculpturale.
Justine Emard
Panorama 26, jusqu’au 5 janvier, Le Fresnoy, Studio national des arts contemporains, le fresnoy.net
L’intelligence artificielle pourra-t-elle être un jour douée d’un corps qui ressente les émotions, la chaleur, l’air, l’humidité ? Justine Emard (née en 1987) a créé des chimères numériques (à partir de scan 3D) générées grâce à des algorithmes. Dans l’actuelle exposition de l’école du Fresnoy (où elle est professeur invitée), on les voit évoluer dans un jeu vidéo dans lequel elles doivent survivre, soumises aux flux de température de l’ordinateur. Conçues comme de nouvelles formes de vie virtuelles, l’artiste les a aussi intégrées au monde réel sous la forme de sculptures pétrifiées, déjà fossiles d’un monde futuriste. Une forme d’archéologie du futur qui manie avec science l’IA et les nouvelles technologies pour transcender les frontières du vivant.
Léo Dorfner
Léo Dorfner, My head was feeling scared but my heart was feeling free, du 15 au 24 novembre, Les jardiniers Montrouge, les jardiniers.org
C’est un mélange de nostalgie de la culture underground des années 1970-80, du Pop art américain des Sixties et des finesses formelles de la Figuration Narrative. Alors que la grande rétrospective de Tom Wesselmann investit la Fondation Louis Vuitton, c’est intéressant de regarder, comme un écho contemporain, les compositions léchées de Léo Dorfner (né en 1985) qui oscillent entre hommage à l’orgie jouissive de la société de consommation en peinture et le désœuvrement actuel d’une génération pour laquelle les images n’ont plus valeur d’icônes. Nostalgiques du punk et du rock qui ne s’embarrassaient pas de morale, les œuvres de Léo Dorfner, traversées de slogans, semblent conter la lente mortification des images choc, sensuelles et transgressives.