Encensée pour la singularité de son œuvre, à la fois mélancolique et mystérieuse, l’artiste japonaise Chiharu Shiota, de la galerie Templon, a posé ses valises au Grand Palais pour y révéler dans une exposition magistrale une œuvre traversée par la maladie que souligne son travail compulsif sur le tissage de fils se déployant en éblouissantes féeries arachnéennes.

     Une petite femme en noir, à la voix douce et fluette, m’entraîne pour arpenter les lieux d’exposition rénovés du Grand Palais quelques jours avant le vernissage presse. Chiharu Shiota, l’une des artistes-phare de la galerie Templon, ne semble pas fébrile, comme si l’agitation inquiète précédant en principe tout évènement d’importance chez n’importe quel créateur remettant en jeu sa légitimité n’imprégnait pas chez elle. Mais sans doute est-ce une impression trompeuse. Nous voici tous les deux, alors que des techniciens sont occupés aux derniers réglages de lumière et de disposition minutieuse des œuvres, à scruter une à une, ou presque, les pièces exposées dont l’assemblage chronologique résonne comme une rétrospective avant l’heure pour cette femme encore relativement jeune (elle est née en 1972). Rencontrer Chiharu Shiota, installée à Berlin depuis une trentaine d’années, est un exercice demandant de la patience et de l’endurance, sa parole est économe et son anglais hésitant. Son entourage m’avait prévenu : le mieux est d’envoyer les questions avant, quitte à compléter ensuite sur place. Requête accomplie. Pourtant d’autres mots viendront, recoupant parfois, prolongeant souvent les réponses écrites. Et, aussi, je l’observe.

Portrait à retrouver dans le N°184, disponible en version numérique et en version papier

Photo : Laura Stevens