L’opéra de Lille ouvre au public les répétitions de Montag aus Licht, donné par le Balcon, sous la direction de Maxime Pascal, et dans la mise en scène de Sylvia Costa qui sera donné au Festival d’Automne. Des répétitions ouvertes jusqu’au 16 janvier.

On grimpe plusieurs étages pour accéder au studio de l’Opéra de Lille. Ce jour-là, la scène 2 de l’acte III de Montag aus Licht de Stockhausen est en répétition : le moment où Ave, un double d’Eva (Ève), charme les enfants. Dans le studio, les enfants du Jeune Chœur des Hauts-de-France sont alignés le long d’un mur, prêts à commencer. En face, un « orchestre moderne » selon Stockhausen — trois synthétiseurs et percussions — est en place, accompagné de toute l’équipe artistique, à commencer par le chef Maxime Pascal, la metteure en scène Sylvia Costa, et la cheffe de chœur Pascale Diéval-Wils.

Montag aus Licht (Lundi de Lumière) est le premier d’un gigantesque cycle de sept opéras que Stockhausen a composé entre 1977 et 2003. L’intégrale, encore jamais réalisée, durerait près de 30 heures. Depuis 2018, l’orchestre Le Balcon, sous la direction de Maxime Pascal, progresse dans cette ambitieuse entreprise. À Lille, des extraits de Montag sont présentés dans une version scénique pour la première fois depuis la création de l’œuvre à Milan en 1988. L’intégralité de l’opéra sera jouée plus tard cette année à Paris, lors du Festival d’Automne. « On y trouve de multiples références aux contes du monde entier, notamment ceux des frères Grimm. Après une première partie introspective, la deuxième est plus humoristique », souligne Maxime Pascal.

Dans ce cycle cosmique où chaque jour correspond à une couleur, un corps céleste et des qualités spirituelles, le lundi est associé à Ève, célébrant la naissance du monde et la part féminine de l’humanité. Pour avoir travaillé ce rôle depuis le début du cycle avec Le Balcon, la flûtiste Claire Luquiens est devenue une référence incontestable pour ce personnage. En charmeuse d’enfants, elle déploie une gestuelle souple, semblable à celle d’une danseuse, accompagnant son interprétation. Les jeunes choristes reproduisent chacun de ses mouvements, ainsi que les intervalles exigeants qu’elle fait résonner à la flûte. Sous l’œil attentif de Pascale Diéval-Wils et de Sylvia Costa, les ajustements se font rapidement. La metteure en scène affine le timing, les déplacements et les directions de regard, tandis que Maxime Pascal coordonne avec la percussionniste Akino Kamiya les emplacements et les moments précis pour frapper tambour, fouet et autres instruments. La complexité de la partition exige de chacun une concentration totale. « Aujourd’hui, le chef est là, mais ne dirige pas. En fait, chacun compte constamment pour savoir précisément quand intervenir », expliquait Gaspard Kiejman, administrateur de l’orchestre, en introduction.La musique et le geste s’unissent dans la vision cosmique de Stockhausen. En ouvrant au public ses répétitions, l’opéra de Lille lève le voile sur les coulisses de la création et offre un aperçu fascinant de la minutie et de l’inventivité nécessaires à l’interprétation d’une œuvre aussi visionnaire que singulière.

Photo : Scènes de Montag aus Licht © Simon Gosselin