Frédéric Casotti signe un des plus beaux premiers romans de la rentrée avec Dans les plis du drapeau. Entre OAS et FLN, entre polar et histoire.

Le rideau s’ouvre à Saint-Etienne, en novembre 1980. Kamel Hadjedj attend le verdict de son procès devant la cour d’assises. Le jeune homme continuera de clamer son innocence en apprenant qu’il est condamné à vingt ans de réclusion criminelle. Avant de nous en apprendre plus sur son dossier, Frédéric Casotti opère un retour en arrière deux décennies plus tôt. Quand le général de Gaulle a rappelé en France le général Massu, encore pour peu de temps à la tête du corps d’armée d’Alger. Un signal jugé désastreux par ce dernier pour les Français d’Algérie. Le sous-lieutenant Antoine François Ettori, lui, sert en Algérie depuis quatre ans. Il a participé à la pacification en tant que parachutiste. Ce fumeur invétéré vient du pays de la Colomba de Mérimée. Le Corse a été maquisard pendant l’Occupation puis s’est engagé volontaire dans la 10e division d’infanterie motorisée. Ensuite, il a été un temps représentant dans une maison de spiritueux à Marseille. Puis de repiquer à l’uniforme, bien qu’il sache parfaitement que rien dans la guerre ne fait appel à « des vertus premières », que le conflit armé, c’est « la mort, la violence, la cruauté, l’injustice ». Le voici désormais à la tête d’une unité de soixante hommes, avec la charge de maintenir l’ordre « dans cette ambiance de pré-guerre civile » qui règne alors. Les clameurs et les vindictes se font de plus en plus entendre. La guerre, Antoine François Ettori en connait l’odeur caractéristique « qui mêle poudre, sécrétion et sang ». Bientôt, l’état de siège va être déclaré dans la ville blanche… Il y a d’entrée de jeu un bel élan romanesque sous la plume de Frédéric Casotti, dont on sent qu’il a lu Les poneys sauvages de Michel Déon. Une manière nette et efficace de camper les lieux et les êtres qu’il peint d’un trait assuré. Les lectrices et les lecteurs de Dans les plis du drapeau, il les entraîne également à Firminy. Où, en mai 1978, le docteur Rober Féblart est retrouvé mort à son cabinet, le crâne défoncé. On ne s’étonnera pas de savoir que ledit Féblart, amateur de Bernanos et de Drieu La Rochelle, a lui-aussi un rapport avec l’Algérie… Frédéric Casotti ménage ses effets grâce à un subtil découpage, une utilisation des flash-backs savamment maîtrisée. Nous voici recollant au questionnement d’Antoine. Homme de convictions qui choisit de déserter des rangs où il ne se reconnaît plus. Et qui ne tarde pas à être contacté par l’OAS et le chef des commandos Delta quand le destin de l’Algérie française est en jeu. En se voyant conseiller de se méfier de sa propre chemise et de ne laisser aucun écrit lorsqu’il se verra confier des missions… Déjà auteur d’un livre remarqué chez Séguier sur l’écrivain et avocat Stephen Hecquet, Frédéric Casotti signe aujourd’hui un premier roman enlevé dans lequel on se laisse volontiers emporter.

Frédéric Casotti, Dans les plis du drapeau, Le Cherche-Midi, 208p., 19, 50€