Alice Dekker avait déjà manifesté une immense subtilité dans ces précédents petits livres raffinés tournant autour de Chardin et de Louise de Vilmorin. Le nouveau remet à la lumière Frits Lugt (1884-1970), fameux collectionneur et connaisseur des arts flamands et hollandais à qui l’on doit la création de la Fondation Custodia, sise 121 rue de Lille à Paris. Un homme de sensibilité et de rigueur, autodidacte féru de dessin et de peinture dès son plus jeune âge, qui a d’abord travaillé à Amsterdam pour l’une des plus grandes maisons de ventes publiques d’Europe pour laquelle il rédigeait à une grande minutie des catalogues. Epaulé par son épouse Jacoba, Frits Lugs a ensuite pris son envol et déployé ses ailes. En ne se considérant jamais comme un marchand mais comme « un collectionneur qui revendait afin de mieux acquérir ». Son parcours étonnant, nous le découvrons ici à travers les yeux de l’ un de ses cinq enfants. Garçon qui n’eut jamais la possibilité de marcher et s’en alla bien top tôt. Observant ensuite du ciel l’évolution de « Père et Mère ».à travers les cahots de l’Histoire et du monde. La collection se veut un hommage aux êtres qui s’emploient à « tirer l’éternel du territoire », guidé par leur goût du beau. Et notamment à l’un d’entre eux, mort de le jour de l’anniversaire de son cher Rembrandt. La délicatesse du trait d’Alice Dekker étant manifeste à chaque page.
Alice Dekker, La collection, Arléa, 176 pages, 19 euros.