Berroyer, c’est un peu le crooner des lettres françaises. Un chroniqueur matois consentant bien trop occasionnellement de sortir de sa tanière. Le revoici avec une propose une collection de récits de ses voyages, qui sont une épatante collection de mésaventures, d’impressions de portraits et de régals pour ses adeptes. L’auteur de Je suis décevant a la bougeotte et se rend aussi bien à Venise, Tokyo, Budapest, Tel Aviv, l’île de Ré, quand il ne se décide pas à visiter les égouts de Paris. Notre homme a la digression facile, se montrant capable de parler d’athéisme, de jazz, de Leopardi et de Pessoa, ou encore de philosophie. Il confesse volontiers son « penchant pour le frivole » et donne sans rechigner des nouvelles de sa petite santé ou de l’évolution de sa carrière cinématographique et théâtrale. En s’affirmant désormais « réduit à jouer les vieilles ruines pittoresques ». Autour de lui, on croisera notamment l’impayable Vuillemin, à qui l’on doit le dessin de couverture de Presque mort à Venise, ou un Jean-François Stévenin évoquant ses premières armes d’assistant réalisateur. Visiblement au meilleur de sa forme, Berroyer n’est jamais avare de bons mots. On ne résiste pas à reproduire celui-ci : « Il faut dire que sans être fou de moi, je fais partie tout de même de ceux qui auront compté dans ma vie ». Et c’est ainsi que Berroyer est grand !
Berroyer, Presque mort à Venise, Le Dilettante, 256 pages, 22 euros.