The Brutalist, (3 Golden Globes) réalisé par Brady Corbet (Lion d’argent du meilleur réalisateur), digne successeur de Paul Thomas Anderson, est incontestablement le grand film de la rentrée.

C’est l’événement cinématographique de la rentrée, précédé d’un prix de la mise en scène à Venise et d’une rumeur de classique instantané. Soit une fresque de 3H40 en 70mm, avec entracte ! Et racontant la vie de Laszlo Toth (Adrien Brody), un architecte juif d’origine hongroise rescapé de la Shoah, qui émigre aux États-Unis avec sa femme Erzsébet (Felicity Jones), en 1947. Il pense enfin vivre le rêve américain lorsqu’un richissime homme d’affaires lui propose de concevoir un vaste monument moderniste. Au cours de sa première partie, ce qui étonne d’abord le plus, c’est l’apparente modestie dramaturgique et formelle. Le film suit pas à pas son émouvant personnage s’abîmer dans le rêve d’un délirant mégalomane et découvrir l’envers nauséeux de son pays d’adoption : antisémitisme, corruption, libéralisme outrancier, injustice et aveuglements pour protéger les pires crimes des plus puissants. Mais cette sobriété est trompeuse : plus Lazlo cherche des chemins de traverse pour ne pas se trahir lui-même en réalisant le délire de son commanditaire, plus le film se transforme par une succession de dissonances. Peu à peu, en s’agglomérant, elles fissurent de façon de plus en plus labyrinthique et monstrueuse le massif édifice brutaliste à la gloire de l’Amérique ainsi que le film. Impossible devant cette épopée au final monstrueux de ne pas penser à ces grands cauchemars de la fondation américaine que sont There Will Be Blood et The Master. Paul Thomas Anderson a trouvé en Brady Corbet un digne fils spirituel.

The Brutalist de Brady Corbet, Universal Pictures International France, 12 février