Bianca Bondi
Bianca Bondi, nommée au Prix Marcel Duchamp 2025, adiaf.com
Bianca Bondi (née en 1986 à Johannesburg) est la benjamine des quatre artistes nommés au Prix Marcel Duchamp qui fait autorité dans l’art contemporain (les autres étant Eva Nielsen, Lionel Sabatté et Xie Lei). Jolie nouvelle pour celle dont nous avions vu l’énigmatique jardin figé dans le sel à la Fondation Vuitton en 2021 (programmation Open Space #8) ou le salon imaginaire, là aussi cristallisé, à l’espace Reiffers Art Initiatives en 2023. Magicienne des atmosphères alchimiques contant un songe post-humain où la nature est transformée, Bianca Bondi interroge l’entropie de notre monde. Cette eau stagnante est-elle ensorcelée ou empoisonnée ? Ces couleurs et vapeurs artificielles sont-ils des enchantements au parfum vénéneux ? Son art profondément poétique devrait trouver encore matière à émerveillement à la Villa Médicis où elle est actuellement pensionnaire.
David Meskhi
David Meskhi, Our son, my moon, Musée d’art moderne et contemporain de Saint-Étienne, jusqu’au 16 mars, mamc.saint-etienne.fr
Mais de quelle époque sont ces clichés ? Leur lumière, leur colorimétrie, leur environnement, tout confère au sentiment de nostalgie. Et l’on repense aux affiches de propagande de l’Union Soviétique vantant le corps musclé des sportifs, aux peintures architecturées du réalisme socialiste. A ceci près qu’ici la lumière et le cadrage sont épurés du propos politique. Seule la silhouette de l’athlète, oiseau solitaire, plane dans l’espace, aérien, tendu de grâce, métaphore d’une quête d’horizon lumineux, d’une recherche d’air, de liberté. L’esprit est peut-être encore enfermé, le corps, lui, s’affranchit. Le Géorgien David Meskhi représente les désenchantements et les espoirs de la jeunesse de son pays à travers ces gymnastes qui semblent être la résurrection de statues antiques.
Mathilde Denize
Mathilde Denize, Sound of figures, jusqu’au 19 février, Perrotin New York, perrotin.com
Voici une artiste dont on suit l’évolution avec plaisir tant ses expositions ne cessent d’affirmer un univers, de plus en plus abouti, personnel. Après une présentation dans la galerie parisienne en 2023 et 2024, la voici à New York où son art scénographique se déploie en suivant des motifs dont la fluidité abstraite est baignée de translucidités roses et bleues caractéristiques. Le regard navigue entre ses peintures qui s’incarnent en volumes dans ses céramiques et ses grandes robes totems. Réflexions sur le cheminement d’un motif, à la manière de Sonia Delaunay en son temps, du pigment à la matière solide jusqu’au monde de la mode, du décor, de la mise en scène. Palette sans frontière créant un paysage « néo-simultané » guidé par l’écho des couleurs.
Illustration : Bianca Bondi, The Antechamber (Thai Crane), 2021. Installation in situ, dimensions variables. Vue d’exposition, 2ème Biennale de Thaïlande, Korat. Photo: Supernormal Studio.
