La galerie Ceysson & Bénétière consacre une belle exposition aux photographies d’Aurélie Pétrel. Celles-ci deviennent sculptures, installations et même architectures…
Expérience sensible, physique même. Nos corps éprouvent les photographies d’Aurélie Pétrel, plus qu’ils ne les contemplent. Nous sommes conviés à les habiter car, justement, elles habitent l’espace. C’est ce sentiment qui nous avait étreints en 2022 à la Biennale de Lyon lors de la découverte de l’installation Minuit chez Roland : immense récit photographique en forme d’autofiction constitué d’archives et de photographies de Beyrouth prises au moment de la dramatique explosion du port en 2020, où les tirages étaient inscrits dans de monumentaux panneaux de verre disposés à la manière d’un labyrinthe. Ce Palais des Glaces immersif se retrouve aujourd’hui, par morceaux, dans l’exposition de la galerie Ceysson & Bénétière de Saint-Étienne qui peut se lire comme la plus belle rétrospective de l’artiste. Il faut dire que le cadre s’y prête à merveille puisque la galerie, très vaste, ressemble à un petit centre d’art. À n’en pas douter, la photographe, qui ne cesse d’explorer les multiples variations plastiques que peut conquérir l’image photographique, est inspirée par l’architecture. Pétrel joue de ses pleins et de ses vides, de ses ombres et de ses reflets, mais donne aussi à ses clichés l’aspect de pans de mur et d’horizons dans lesquels nos silhouettes se reflètent. Allant jusqu’à utiliser des matériaux tels que le bois ou la tôle d’acier pour donner un relief à l’instantané photographique qui devient, de ce fait, beaucoup plus latent. Nul hasard qu’elle ait dialogué avec le maître du constructivisme Peter Eisenman et qu’elle s’apprête à investir les architectures de Le Corbusier à Firminy.
Aurélie Pétrel, Conversation(s), Galerie Ceysson & Bénétière de Saint-Etienne, jusqu’au 15 février, ceyssonbenetiere.com
Photo : Vue in situ de l’exposition Aurélie Pétrel, Conversation(s), à la galerie Ceysson & Bénétière de Saint-Etienne. Crédit : Cyrille Cauvet.
