À la Comédie de Colmar, dont elle partage la direction avec Mathieu Cruciani, Émilie Capliez s’empare avec brio du roman Le Château des Carpathes de Jules Verne. Une aventure palpitante qui prend vie sous nos yeux.

Un jeune comte roumain tombe sous le charme d’une cantatrice italienne. Si sa beauté l’éblouit, c’est surtout la pureté de sa voix qui le captive. Mais il n’est pas le seul à succomber à ce timbre envoûtant. Un autre homme, mystérieux et inquiétant, semble être tout aussi fasciné par le chant de la diva, faisant peser une menace sourde sur chaque représentation au Théâtre San Carlo de Naples.

Touchée par l’amour sincère du comte, la cantatrice, avide de liberté, hésite. Cédera-t-elle aux avances de cet admirateur passionné pour fuir cette atmosphère oppressante qui l’enserre chaque soir un peu plus? Le destin tranchera pour elle. Un drame éclate. La mort bouleverse tout. Mais peut-on réellement déjouer la faucheuse ? La défier ? C’est tout l’enjeu de cette nouvelle méconnue qui propulse le héros des fastes des salons italiens aux ténèbres d’un château en ruine, perdu au cœur de la Transylvanie. Et, comme toujours chez Jules Verne, la science, avec ses mystères et ses prodiges, vient brouiller les repères, teintant le récit d’une aura fantastique. Avec finesse et inventivité, Émilie Capliez s’approprie ce roman gothique et lui insuffle une nouvelle vie. S’appuyant sur la compositrice Airelle Besson, elle poursuit son exploration du théâtre musical et signe une relecture vibrante de l’œuvre. Une narration rythmée, portée par la captivante Fatou Malsert, s’entrelace à des tableaux aux allures cinématographiques, offrant aux comédiens et musiciens un terrain de jeu à plusieurs niveaux. Quelques éléments de décor – un toit de chaume, une façade évoquant les loges d’un théâtre à l’italienne, des tables, des chaises… – et une touche de vidéo, à la limite de l’hyperréalisme, suffisent à embarquer le spectateur. D’une alcôve à un escalier, des coulisses d’un opéra aux ruines d’un château, il est happé dans une spirale romanesque où réalité et illusion se confondent. Émilie Capliez et Airelle Besson s’amusent avec les codes du genre, mêlant apparitions fantomatiques, visions surréalistes et tension digne d’un thriller, sans oublier une pointe d’autodérision. Sans jamais trahir l’avant-gardisme de Jules Verne – après tout, nombre de ses inventions ont fini par voir le jour –, la metteuse en scène insuffle à cette œuvre sombre une énergie nouvelle et contemporaine.

Le Château des Carpathes d’après Jules Verne, Mise en scène d’Émilie Capliez
– du 27 février au  08 mars 202 25 Comédie de Colmar – CDN Grand Est Alsace (68)

25 et  26 mars 2025 à la Comédie de Valence – CDN Drôme-Ardèche (26)
– du 02 au 04 avril 2025 à l’ Opéra-Théâtre de Saint-Étienne, en collaboration avec La Comédie de Saint-Étienne – CDN (42)
– du 08 au 17 avril 2025 au Théâtre National Populaire de Villeurbanne (69)
06 et  07 mai 2025 à l’Opéra de Dijon (21)
15  et 16 mai 20 25 à Bonlieu – Scène nationale Annecy (74)