L’artiste japonaise Aika Miyanaga explore à la Le Clézio Gallery le passé familial en figeant des objets dans le verre et la naphtaline. Sublime.
C’est un espace d’une surprenante beauté minimaliste, disposé sur deux niveaux. Inaugurée il y a deux ans la Le Clézio Gallery est née de la rencontre d’un Breton et d’une Chinoise, Antoine et Yan Le Clézio, venus pour l’un du monde de l’art et pour l’autre de l’univers de la traduction. La galerie située Faubourg Saint-Honoré, au sein du nouveau triangle d’or de l’art contemporain, tranche avec le discours de la plupart des lieux en vogue se contentant la plupart du temps d’enchaîner expositions sur expositions sans proposer un discours novateur. On devine ici, dès franchi le seuil, l’aboutissement d’une réflexion poussée sur le sens à apporter à l’idée de galerie. Formé à l’histoire de l’art avec un master recherche en art médiéval, Antoine Le Clézio me développe longuement sa sensibilité aux notions d’essence, d’héritage culturel et de transmission, de mémoire collective et personnelle, ainsi que d’engagement ». Aucun engouement pour des jeunes artistes « prodiges » lancés comme des produits jetables à la « Star Ac » qui fleurissent tant sur le marché, mais bien plutôt une volonté partagée par Yan Le Clézio de n’élire que la rareté, la beauté, l’émerveillement. Ainsi en est-il de la japonaise Aiko Miyanaga, exposée en ce moment et dont la proposition artistique confine au sublime : « emprisonner » dans du verre et de la naphtaline des pièces ressurgissant du passé des pièces surgissant des moules en plâtre de Sèvres ayant appartenu à son arrière-grand-père sculpteur-céramiste. Lapins, chat, tigre, et autres animaux mais aussi minuscules gouttes d’air de Kyoto saisies dans leurs minuscules écrins, se dévoilent avec une grâce infinie. Un réveil, à l’entrée, comme pris dans les glaces du temps, passé, présent, futur, nous rappelle aussi combien une galerie digne de ce nom doit attendre son heure. Les Le Clézio annoncent du 12 avril au 31 mai, une carte blanche àl’art advisor Marianne Dollo autour d’une célébration du quotidien et des instants ordinaires. A suivre, donc…
Aika Miyanaga. 1900-2025 : souffle de lumière. Jusqu’au 6 avril. Le Clézio Gallery. www.lecleziogallery.com
Visuel : Night voyage clock, 2025, boîte en verre, naphthaline, aiguilles d’horloge, technique mixte, 20 x 55 x 40 cm + socle lumineux (100 x 57 x 22 cm). Photo: Bruno Pellarin ©️MIYANAGA Aiko, courtesy of Le Clézio Gallery.