À Paris, au début du XXe siècle, la perle devient la coqueluche de tous les arts. L’École des Arts Joailliers dévoile cette histoire aussi brillante que méconnue qui résonne à merveille avec le centenaire de l’Art Déco.
Blanches, ivoires, jaunes, roses, grises et même noires, elles se portent autour du cou, se montent en bagues, miroitent aux oreilles, étincellent en pendeloques, s’enfilent au poignet ou trônent en diadème. Les perles transcendent la fonction ornementale du bijou, elles content une histoire millénaire qui n’a cessé d’enchanter les sens. Car si elles se contemplent, elles se touchent aussi et s’écoutent. Bruissement velouté, roulement de soie au creux des doigts. Le cou des femmes accueille leur froideur suave qu’on réchauffe sur les paumes. Vénérées depuis la Haute Antiquité, ces billes de nacres naturelles fécondées dans l’orbe aqueux des huîtres marines ou d’eau douce sont synonymes d’élégance, de richesse et de pureté. « Les femmes hébraïques de haut rang, dans les périodes florissantes, portaient des colliers constitués de multiples rangées de perles […] Sur cette partie du costume, on dépensait généreusement et sans compter […] à Rome, certaines élégantes allaient jusqu’à dormir avec de petits sacs de perles attachés à leur cou, afin de pouvoir emporter les souvenirs de leurs fastes jusque dans leur sommeil », enseigne le voyageur érudit du XIXe siècle Thomas de Quincey dans La toilette de la dame hébraïque.
Le rêve des perles s’est transmis, des nuits antiques et médiévales aux apparats baroques, jusqu’aux songes romantiques. D’emblée, on pense aux richesses de l’Orient. On sait moins que Paris fut à son tour le théâtre d’une « perlomanie » inédite. Il faut remonter à la fin du XIXe siècle, au cœur des ondulations chimériques de l’Art Nouveau qui allaient plus tard féconder les symétries ornementales de l’Art Déco. C’est cette page oubliée de l’histoire que conte la brillante exposition de L’École des Arts Joailliers au fil de bijoux somptueux, prêtés par les plus grands joailliers – Cartier, Boucheron, JAR, Lalique, Van Cleef & Arpels… – et par de prestigieuses collections privées. L’émerveillement est au rendez-vous boulevard Montmartre dans l’hôtel particulier de Mercy-Argenteau, du nom du comte qui fut l’ambassadeur d’Autriche en France sous l’Ancien Régime, connu pour avoir été l’intercesseur du mariage entre Marie-Antoinette et Louis XVI. Dans ses salons, défilait la cour d’Autriche de passage à Paris tandis qu’étaient gardés les bijoux de la princesse. L’écrin est donc idéal pour faire le récit des nombreuses enfilades de perles qui envahirent la capitale française entre 1880 et 1930. À cette époque, les négociants en perles fines avaient élu domicile rue Lafayette. Entre le numéro 1 et le numéro 100, ils étaient plus de 300, à proximité du bureau des douanes de la rue Choron !
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Paris, capitale de la perle, une exposition de l’École des Arts Joailliers, avec le soutien de Van Cleef & Arpels, jusqu’au 1er juin. lecolevancleefarpels.com
