Ithmarag, spectacle fougueux, rageur, est porté par sept jeunes artistes de la nouvelle scène égyptienne.
Sur une scène surplombée d’une étrange structure ronde en métal, sorte d’attrape-rêve qui saturé d’effets lumineux, quatre danseurs et trois interprètes-musiciens s’échauffent, parlent en arabe, semblent improviser quelques mouvements. A peine les derniers spectateurs sont-ils installés, la salle plongée dans le noir, qu’une musique pulsative envahit l’espace, traverse les corps, réveille les muscles engourdis.
Né peu avant le printemps arabe en janvier 2011 au cœur des quartiers populaires des grandes villes, le Mahgranat (festival en arabe) est interdit par les autorités égyptiennes depuis plus d’un an. Fusion entre un rap aux textes crus et des sonorités orientales largement remixées, cet électro-chaâbi se joue encore dans les rues, les fêtes, les mariages. Abordant des thématiques contemporaines comme le sexe, la drogue, etc., il est le symbole d’une liberté tant désirée, d’une jeunesse qui hurle sans être entendue, d’un exutoire de toutes les frustrations imposées par le gouvernement conservateur qui a repris les rênes du pays.
Vivant entre Paris et Le Caire, Olivier Dubois ne pouvait être que séduit par ces rythmes chamarrés, furieux, par cette jeunesse brimée, irrévérencieuse qui rêve d’une autre Égypte, d’un autre futur. S’inspirant de ce courant qui porte en lui la rage de vivre de tout un peuple, il a imaginé Ithmahrag – néologisme pour dire « festoyons » –, un show électro, qui vaut surtout pour l’énergie brute déployée par les sept interprètes, leur fraicheur communicative, l’espoir furieux qu’ils expriment.
Itmahrag d’Olivier Dubois, du 9 au 11 juin à La Biennale de la Danse de Lyon, Usines Fagor. Plus d’informations en suivant ce lien.