Dans le cadre du Festival BRUIT, du théâtre de l’Aquarium, Lionel Dray, membre du collectif la Vie Brève, et sa complice, Clémence Jeanguillaume, s’inspirent des nouvelles de Kafka et signent une performance burlesque déjantée.
Il y a des spectacles dont on ne sait que penser, dont on a aucune idée de ce qu’ils racontent, mais qui font un bien fou, telle une bouffée d’air frais. Ainsi la Bagarre, de Lionel Dray et Clémence Jeanguillaume, fait partie de cette catégorie-là. Tout commence par une annonce faite avec l’accent du sud, du comédien, metteur en scène et auteur, couvert de plâtre et de peinture blanche, qui prévient qu’il n’y aura pas de fin à l’histoire qui va suivre.
Composée de nombreuses références littéraires, cinématographiques, plastiques, l’œuvre imaginée par le duo déjanté d’artistes est une sorte de patchwork kafkaïen, voire, à la marge, beckettien, où de fausses pistes en faux-fuyants, d’énigmes en paraboles, s’esquisse une réalité un brin absurde, mais qui dit beaucoup du temps présent et de l’impossibilité de l’homme à communiquer avec l’autre.
S’intéressant autant à l’œuvre horrifique de l’écrivain autrichien qu’à sa vie sentimentale, le duo de choc entraîne les spectateurs dans un univers décati. Carrelages blancs fêlés, paillasse surchargée d’assiettes cassées et d’un tas de bordel, robe de mariée déchirée, tachée de sang, rien ne semble être à sa place et pourtant tout s’emboîte et fait théâtre.
En jeune amoureux à la ramasse et grand réparateur du monde, Lionel Dray est impayable. En fiancée enamourée mais à côté de la plaque, Clémence Jeanguillaume est divine. Moins bavarde que son compagnon, elle ponctue de petites musiques étranges, à l’aide de synthétiseurs et d’un thérémine, sorte de boitier qui permet de moduler des sons, les récits qui se succèdent sans pour autant se suivre.
Beau autant que bizarre, Ainsi la bagarre est une gourmandise décadente, surannée. Ovniesque, mystérieuse, presque incompréhensible, la performance est un cabinet de curiosités théâtral.
Ainsi la bagarre de Lionel Dray & Clémence Jeanguillaume.
Du 06 au 16 janvier 2022 au Théâtre de l’Aquarium dans le cadre du festival BRUIT
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