À la Flèche théâtre, le jeune phénomène Théo Askolovitch raconte avec gouaille ses 66 jours en chimiothérapie à l’Hôpital Gustave Roussy. Une expérience détonante à vivre de toute urgence !
Qui a dit que la maladie devait toujours être combattue dans la peine ? Certainement pas Théo Askolovitch. Avec une faconde débridée, délirante, le jeune homme invite à découvrir ce que fut son quotidien de jeune malade. Tout commence dans une salle de spectacle, un théâtre du Marais, où il joue une pièce sur le Jihad. Malgré la noirceur du sujet, tout va pour le mieux. Sa grande-sœur et son nouveau copain, sont venus assister à la première. Trop fatigués, ils ne restent pas pour le pot, mais le convient à un brunch du lendemain. La nuit fut rude. L’alcool a embrouillé ses idées. Le jeune acteur se réveille dans son salon, habillé, casque de scooter vissé sur la tête. C’est une douleur dans un de ses testicules qui le sort de sa torpeur. Pas inquiet, il rejoint sa famille, leurs amis. Le déjeuner dominical se passe à merveille. Mais en bon hypocondriaque, Théo Askolovitch demande quand même un doliprane à sa sœur. Une phrase anodine d’un convive va le faire basculer dans un autre monde, ranimer ses vieilles angoisses.
Le verbe haut, le phrasé rapide, le jeune comédien d’une vingtaine d’années, en rémission depuis, raconte, sans omettre le moindre détail, son quotidien de cancéreux. Du « palpage » de son appareil génital par une succession de médecins à l’annonce du verdict, en passant par ses nuits grises dans une chambre d’hôpital, au premier effet de la chimio, de son incapacité à retrouver sa libido, de l’inquiétude de son père, l’artiste, plein de fougue, de combativité, ne nous épargne rien. Et, malgré la maladie tapie dans l’ombre, c’est tout simplement jubilatoire !
Aborder le cancer n’est jamais chose aisé au théâtre. Avec verve et ingéniosité, Théo Askolovitch fait du mal qui le ronge une épopée hilarante. Bien sûr, il parle haut pour cacher sa détresse, il débite à la vitesse de l’éclair ses doutes, ses interrogations pour conjurer sa nervosité, sa peur, ses craintes. Mais surtout, il vibre. En bon supporter du PSG, il appréhende la tumeur qui lui coûtera un testicule, comme un match de foot. Loin de se laisser abattre, il s’amuse des maladresses d’un interne – qu’il n’aime pas car il veut l’empêcher de sortir de l’hôpital, de rejoindre les siens pour regarder la finale de la coupe du monde de 2018 – , de la complaisance d’un médecin, des effets secondaires qui gâchent son quotidien, met son couple à rudes épreuves, qui l’empêche de suivre ses collègues en tournée.
Le geste vif, nerveux, la présence irradiante, Théo Askolovitch brûle les planches du théâtre. Derrière les rires, les larmes, les répliques faciles parfois, le jeune comédien offre une magnifique leçon de vie. Un spectacle nécessaire, un nom à retenir, une révélation à n’en pas douter !
66 jours de Théo Askolovitch. Jusqu’au 16 mars, La Flèche Théâtre, Rue de Charonne 75012 Paris
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