À Dijon, la nouvelle édition de Théâtre en mai, concoctée par Maëlle Poésy, nouvelle directrice du Théâtre Dijon Bourgogne, affiche sa couleur, féministe et écologiste. Un autre regard sur l’art vivant !
En sortant de la gare de Dijon, comme à chaque édition de Théâtre en mai, depuis sa création en 1990 par François Le Pillouër, une immense affiche accueille les visiteurs. Nouvelle charte graphique, visage féminin, lunettes de soleil, le ton est donné. Pour Maëlle Poésy, arrivée à la tête du CDN en septembre 2021, cette manifestation, qui ouvre la saison printanière des grands festivals d’art vivant, est l’occasion rêvée d’affirmer son projet. Et celui-là se décline, pour sa 32ème édition, sur plusieurs triomphes féminins, et une ouverture indéniable au monde.
À l’Athéneum, centre culturel de l’Université de Bourgogne, la lumineuse Teresa Coutinho questionne la représentation de la féminité dans nos sociétés contemporaines. Naviguant entre théâtralité et performance plastique, l’artiste portugaise, qui a notamment collaboré avec Gus van Sant et Christiane Jatahy, évoque à la manière d’un puzzle sa grand-mère, le regard concupiscent de l’autre, son homosexualité, etc., autant d’éléments qui ont construit son identité de femme, d’artiste. Un peu plus tard, au cœur de la ville à deux pas du Parvis, l’autrice Joséphine Chaffin, dont la compagnie Superlune est installée en Bourgogne, plonge intensément dans les pensées, les espérances et les doutes d’une jeune footballeuse rêvant d’intégrer l’équipe de France junior pour participer à la prochaine coupe du monde et s’amuse à confronter au foot, sport machiste par excellence, sa vision du féminisme.
Tantôt par tram, tantôt à pied, tantôt en navette, les festivaliers sillonnent la ville, jusqu’à se perdre. Il faut dire que, caché à l’ombre d’une barre d’immeuble, le Consortium Museum, étrange bâtiment de verre, n’est pas simple à trouver. Au sous-sol de ce centre d’art contemporain à l’architecture très épurée, Roshanak Morrowatian invite à un temps de réflexion. Enfant de l’exil, elle conte par l’intermédiaire d’une statue de cire, qui fond lentement sous trois spots lumineux, le combat d’une fillette, jeune migrante, pour survivre face aux outrages d’un quotidien de rejets.
La reine Stuart
C’est au cœur du Musée des beaux-Arts, cour du Bar, que renaît, grâce au texte uppercut de Linda McLean, la romantique Marie Stuart. Portée par six jeunes artistes tout juste sortis de prestigieuses écoles de Théâtre, Gloire sur la terre évoque la jeune souveraine d’Écosse confrontée au fanatisme religieux. Avec une belle ingéniosité, Maëlle Poésy emporte le combat de cette reine, trop humaine, au cœur d’un ring qui l’a déjà condamnée.
Théâtre en mai. Théâtre de Dijon Bourgogne. Jusqu’au 29 mai 2022