Pippo Delbono crée Amore au Rond-Point. Vêtu de blanc à la manière d’un maître de cérémonie, l’auteur et metteur en scène italien célèbre le Portugal par une fresque théâtrale lumineuse. 

Quelle est la genèse d’Amore ?

Amore est né d’une rencontre. Depuis longtemps on est invité à jouer à Lisbonne, à Porto, à Santa Maria da Feira. On a joué presque tous nos spectacles au Centre Culturel de Belem ou encore au Festival d’Almada. C’est Renzo Barsotti, italien qui vit, travaille et produit du théâtre au Portugal depuis longtemps, qui connait très bien les deux cultures, l’italienne et la portugaise, qui m’a confié son rêve de voir une de mes créations sur le Portugal, son histoire, sa mémoire de la révolution des Œillets, ses croisements de cultures, son métissage. On a une amitié depuis longtemps, et il m’a laissé évidemment une totale liberté.

Qu’est-ce qui vous a donné envie de célébrer le Portugal, sa culture, ses contradictions, sa mélancolie ? 

Je savais avant de commencer la création que ce serait Amore, amour. Je savais que je devais parler de ça, mais je ne savais pas encore de quelle manière ce discours amoureux se développerait. Mais bien sûr le Portugal est la terre de l’amour, de la nostalgie, de la saudade, du fado, de l’adieu à la terre promise, de la rencontre, de la passion, de cette musique déchirante, enivrante qui est partout.

Parmi tout cela, qu’est-ce qui vous inspire ? 

Vous allez voir, on a travaillé d’une façon différente. Et en même temps, comme toujours. C’est-à-dire que je me suis mis comme toujours — ou peut-être encore plus qu’autrefois— complètement nu devant la création, en attendant que ça surgisse des propositions des comédiens, des techniciens aussi, des créateurs italiens et portugais qui étaient là avec moi : lumières, scène, musique, images, textes, j’étais comme un enfant qui découvre tout ça pour la première fois. Je sais qu’il y a un fil rouge qui unit tout ça, qui est en moi, je ne dois rien faire d’autre que l’écouter, le laisser sortir. Et après c’est comme ciseler une sculpture, petit à petit, ou tout d’un trait.

Comment avez-vous choisi la troupe ? 

J’ai passé beaucoup de temps avec ma compagnie, d’abord à Setùbal, où l’on nous a offert un lieu de travail, et puis à Lisbonne au Théâtre Sao Luiz, et aussi à la Maison du Fado où j’ai fait des rencontres. J’ai rencontré plusieurs chanteurs et musiciens portugais mais d’autres cultures aussi, issues notamment des anciennes colonies, de l’Afrique, des gens incroyablement talentueux et humains qui ont chanté et joué pour moi avec une générosité et une ouverture énorme. A la fin j’ai choisi les artistes qui sont entrés dans ma compagnie, qui se sont complètement intégrés, pleins de talent et de respect. Ils ont donné beaucoup. 

Vous revenez au Rond-Point, qu’est-ce que cela vous fait ? 

On a toujours dit que le Rond-Point est ma maison à Paris. J’ai fait tous mes spectacles ici, j’ai donné mes laboratoires, mes films, mes livres, mes rencontres avec le public, j’ai passé des heures à discuter avec les gens dans le café, on a passé toute une partie de notre vie ici, on a partagé, on a fêté, on a rigolé. Dès la première rencontre, quand les gens du Rond-Point sont venus nous repérer en Italie, on est venu ici tous les deux ans avec chaque fois notre dernière création, et c’était toujours magnifique.

Amore de Pippo Delbono, au Théâtre du Rond-Point, du 6 au 18 septembre. 

https://www.theatredurondpoint.fr/spectacle/amore1/