Spectacle de la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique et du metteur en scène Laurent Pelly, Le Voyage dans la lune nous offre un moment de grâce et de fantaisie.
Laurent Pelly joue les Alice au pays des Merveilles dans son dernier Offenbach. Le metteur en scène a depuis plus de vingt ans établit une familiarité avec le compositeur des Contes d’Hoffman, devenant l’un des plus fins metteurs en scène de son œuvre. Dans ce Voyage dans la lune, Pelly déploie une nouvelle fois son talent pour épouser la fantaisie d’Offenbach. Ici, la fantaisie est utopie. Le projet est simple comme un rêve d’enfant : rejoindre le pays de la lune. Nous suivons donc au cours de deux heures joyeuses l’aventure du Roi Vlan, de son fils Caprice et du conseiller Microscope, dans leurs préparatifs, puis leur voyage vers la Lune. Que trouveront-ils là-bas ? Un pays de rois et de princesse, un pays aussi blanc que leur terre est colorée, et aussi loin de l’amour qu’ils en étaient habités. La traversée du miroir est rude et bienfaisante, et comme Gulliver, ils apprendront de ces étrangers bien mieux que d’eux-mêmes. De cette intrigue enfantine, Pelly constitue un univers à la mesure de sa fantaisie. Les décors, les costumes et la chorégraphie épousent l’atmosphère douce-dingue de cet opéra aux couleurs musicales chatoyantes, laissant une belle place aux chœurs. Mais c’est sans conteste la scénographie qui porte l’ensemble : objets surdimensionnés, costumes burlesques et vifs dans les deux premiers actes, puis d’un blanc neigeux et géométrique dans le second, l’ensemble créant un monde merveilleux qui ne s’érode pas.
La scène couverte de confettis accueille dès l’ouverture la Maîtrise Populaire de l’Opéra Comique, filles et garçons en costumes, qui dansent et chantent avec une joie et une énergie imparables. D’emblée, nous comprenons que ce spectacle sera celui de la Maîtrise. Et de tableau en tableau, nous pourrons goûter à la joie de cette jeunesse qui se donne au public en toute intelligence et souplesse scéniques. Changeant de costumes en moins d’une minute, la Maîtrise peut alterner des chœurs pleins, ou des chansons burlesques comme celle des gardes, que toute la salle Favart eut envie de reprendre en tapant des mains, tant nous étions dans une atmosphère bon-enfant. Oui, l’enfance est à l’honneur dans ce Voyage dans la lune, aussi bien sur scène, où les voix juvéniles des chanteurs de la Maîtrise affirment leur enthousiasme dans les chœurs, que dans la salle où les jeunes spectateurs battaient mains et pieds à chaque nouvel air. L’enfance que Pelly et la Maîtrise nous proposent est celle de Saint-Ex ou Roald Dahl, un lieu fertile de mystères et d’apprentissage où chacun se doit de retourner. Ici, la musique nous le permet.
Le Voyage dans la Lune, Jacques Offenbach, direction musicale Alexandra Cravero, mise en scène Laurent Pelly, Opéra Comique, jusqu’au 3 février.