La grande halle de la Villette expose une cinquantaine de jeunes diplômés d’une dizaine d’écoles d’art nationales. Pépites en vue ?
Le Festival 100% de la Villette met chaque année à l’honneur la création artistique contemporaine dans les domaines de la danse, de la musique ou du théâtre, comme nous le présentons dans nos pages Scène. Côté arts plastiques, l’idée de 100% L’EXPO est d’accompagner les artistes nouvellement diplômés d’une dizaine d’écoles françaises par la monstration de leurs œuvres et la mise en relation avec des professionnels à l’occasion de discussions, dont le collectif Jeunes Critique d’Art. Dans la grande halle sont ainsi exposés cinquante univers artistiques révélant autant d’individualités. Mais avant de découvrir ce foisonnement créatif, hétéroclite et souvent déconcertant, cinq œuvres sont à découvrir en extérieur. Dont l’impressionnante Onde du duo d’artistes Florian Pugnaire et David Raffini, figurant le mouvement sur une suite de plaques de métal, à la manière des chronophotographies d’Étienne-Jules Marey. Signalons aussi le trio de sculptures anthropomorphiques en acier de Chloé Royer, miroirs déformants de nos corps, figurant l’équilibre précaire tout aussi physique que psychologique.
Les visiteurs sont ensuite accueillis dans la grande halle par les créations organiques, aux couleurs chatoyantes, composées notamment d’éléments textiles d’Hélène Hulak. L’artiste y explore les stéréotypes de genre. Son œuvre Beware of Margaret s’inspire de la publicité réalisée par Spike Johns pour Kenzo, loin des clichés féminins habituels. Cette pratique de la réappropriation pour explorer la question des genres est aussi utilisée par Ophélie Demurger. Son installation Kim > Paris > Me rejoue la campagne de publicité de la marque de Kanye West dans laquelle Paris Hilton imitait les photographies de Kim Kardashian posant pour la campagne précédente, ici réincarnée par l’artiste. Autre exploration du monde des médias, Charles-Arthur Feuvrier s’empare du visage du podcaster et conspirationniste Joe Rogan pour le transformer en un monstre viral.
D’autres artistes glanent des éléments du monde contemporain mais sur un tout autre registre, celui de la nature. Laura Bartier présente À l’aube des Saxifrages, une installation mêlant art et artisanat autour de ces plantes, les saxifrages, qui se logeant dans les brèches de roches, en brise la matière. Suska Bastian joue elle aussi de l’hybridation, entre le naturel et ici l’industriel, en récupérant notamment des feuilles de palmiers devenues sculptures. Tandis que Nina Boughanim, par la collecte d’objets trouvés puis associés à du verre, assemble matières, formes, récits fictifs et réels. Hybridation encore et toujours avec les tapisseries de Mona Cara produites à l’aide d’un métier industriel. Figuratives, ses œuvres puisent tout autant dans l’imagerie de la bande dessinée que dans l’histoire de l’art avec la figure de la Vierge de miséricorde. Les artistes exposés à la halle de La Villette s’emparent de bribes du réel qu’ils assemblent, transforment, tordent, pour tenter de saisir notre monde. Dans ces allers-retours, l’art est sans aucun doute, comme l’affirmait l’artiste Robert Filiou, « ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».
100% L’EXPO. La Villette, Paris. Du 30 mars au 24 avril.