Littérature + Europe = Montpellier. Telle est l’équation que résout avec brio La Comédie du Livre, dix jours en mai. Entretien avec son directeur littéraire, Régis Penalva.
La raison d’être, le terrain, les horizons du festival, c’est la littérature européenne. Peut-on parler de celle-ci au singulier, au-delà de l’irréductible variété des productions locales ?
C’est tout l’enjeu d’une rencontre qui réunira sur le festival la Macédonienne Rumena Bužarovska, la Suédoise Elin Cullhed et la Néerlandaise Marente de Moor le samedi 13 mai au matin. Existe-t-il encore une conversation européenne, à l’image de celle qui réunissait en leurs temps humanistes et encyclopédistes allemands, français, anglais, italien… ? Et que reste-t-il d’ailleurs, à l’heure de la globalisation culturelle et du triomphe de la fiction à l’anglo-saxonne, de « l’irréductible variété » que vous évoquez ? Il n’en reste pas moins que les peuples européens partagent, par-delà langues et frontières, des mémoires communes, souvent liées aux grandes épreuves de l’Histoire. Et que des maisons d’édition apparaissent, qui choisissent les littératures européennes comme principal objet. Il vaut sans doute mieux utiliser le pluriel, qui a le mérite de les réunir sans les confondre.
Corollaire de la question précédente : y a-t-il une formule, une ligne directrice qui vous permette d’établir vos choix ?
Une ouverture maximale à la diversité éditoriale! Cette année, plus de quatre-vingts maisons sont représentées dans la programmation. En ces temps de concentration financière et de surproduction, c’est le devoir des festivals de mettre en avant les petites maisons d’édition indépendantes, qui sont souvent celles qui révèlent les talents, qui sont audacieuses dans leurs choix, qui prennent des risques.
Patrick Boucheron dispose cette année d’une carte blanche : est-ce à l’historien, au compagnon des écrivains (Mathieu Riboulet, Pierre Michon), ou peut-être aux deux que s’adresse cette carte blanche ?
Aux deux, assurément. Patrick Boucheron ouvre sa carte blanche le jeudi 11 par une conversation avec ses collègues médiévistes montpelliérains autour de la naissance de l’Université en Europe. Ce qui a beaucoup de sens dans une ville qui héberge la plus ancienne faculté de médecine au monde. Mais le reste de sa carte blanche regarde plutôt du côté de la littérature, du côté de Pierre Michon, de Marie-Hélène Lafon, de la traduction à l’occasion d’une discussion avec Frédéric Boyer…
Enfin, la Comédie du Livre ne fige pas le livre : atelier d’écriture au MO.CO, entretiens radiophoniques, lectures musicales… Quel prix attachez-vous à cet élargissement des frontières de la littérature ?
Le renouvellement des publics passe par le renouvellement des formes proposées. Aujourd’hui, le livre se met en scène, dialogue avec la musique, l’art, le cinéma, les jeux vidéo. Cela ne rend pas pour autant obsolète l’entretien traditionnel, mais cela ouvre de nouveaux horizons aux textes, et permet aux festivals de s’adresser à un public plus jeune.
La Comédie du Livre, dix jours en mai, Montpellier, du 5 au 14 mai