Les 16èmes Global Award for Sustainable Architecture sont remis à cinq architectes soucieux de l’architecture durable. Notre favorie est Dorte Mandrup.
L’architecte et professeur allemande Jana Revedin, reconnue pour sa théorie de « conception radicante » – une transformation ouverte et collective de la ville – imagine en 2006 un prix récompensant les démarches les plus inspirantes dans le domaine de l’architecture durable. Depuis, chaque année, cinq architectes sont mis à l’honneur, dont l’un des chantres du réaménagement urbain, le français Patrick Bouchain (2009), l’allemand alliant technologie et climat Thomas Herzog (2009), les japonais Junya Ishigami (2010), Lion d’or à la Biennale de Venise 2010 et Kengo Kuma (2016) mêlant tradition et modernité, et enfin l’architecte brésilien de la forêt Severiano Porto (2020). L’ambition de ce prix réside tout autant dans l’exemplarité que dans la création d’une communauté d’experts, architectes et chercheurs, autour des liens entre architecture, société et écologie. Cette année, une fois n’est pas coutume, deux des cinq lauréats ne sont pas architectes mais participent à ces réflexions internationales autour du futur de l’architecture. L’humble jardinier paysagiste français Gilles Clément travaille avec bienveillance avec le vivant – il milite pour la libre évolution des espèces et le dialogue avec le biotope, principe même de l’écologie. Sa démarche est clairement énoncée dès 1997 dans son ouvrage Le Jardin planétaire, mais aussi expliqué aux visiteurs de ses réalisations, dont le foisonnant Domaine du Rayol non loin de Toulon. La présence de Martin Rauch révèle l’importance des inventeurs de matériaux. Constructeur autrichien, il travaille l’argile extraite des sites mêmes pour la transformer en matériau contemporain, s’inspirant des constructions anciennes.
Côté architectes, le prix nous a permis de découvrir le duo turque Yalin Architectural Design et la solaire Anupama Kundoo, travaillant dans la ville d’Auroville en Inde. Mais s’il fallait n’en choisir qu’un, nous retenons l’ambitieuse et déjà reconnue architecte danoise Dorte Mandrup. Pour sa capacité à fondre ses réalisations monumentales dans les paysages de sites classés par l’Unesco, tel le futur projet La Baleine, centre d’interprétation sur les Cétacés construit au nord du Cercle polaire arctique. Pour les lignes simples, plongeantes, les surfaces transparentes de ses architectures dans lesquelles se reflète le paysage. Pour son utilisation de matériaux naturels tel le bois et la chaume pour le Centre de la Mer de Wadden, inspiré des constructions traditionnelles des Vikings et produit en collaboration avec des artisans locaux. « Dans chaque lieu quelque chose peut être évoqué, une possibilité peut être explorée, expliquait-elle à Jana Revedin. Si vous laissez le lieu « informer » l’architecture, celle-ci exprimera une abondance contextuelle, une richesse matérielle, une texture et un concept ». Nous votons aussi Mandrup pour la capacité de ses ouvrages à inspirer d’autres architectes. En souhaitant que le respect des environnements naturels et humains devienne un principe intrinsèque à toutes nouvelles créations architecturales.
Global Award for Sustainable Architecture Cité de l’architecture. Jusqu’au 29 mai