Le petit livre de l’écrivain et photographe Eric Rondepierre a l’étrange lucidité et l’agitante beauté des rêves éveillés. EXIT est un de ces trop rares éclairs dans le ciel souvent morne de la littérature.
Voici quatre textes, où l’élégant étirement de la phrase glisse par-dessus ou par-dessous les filantes surfaces des images – photos de l’auteur, photogrammes de films. Voici quatre textes qu’on pourrait diversement et non contradictoirement interpréter comme des vestiges autobiographiques enfouis dans les concrétions d’une brillante théorie de l’image aussi bien que comme la fuite d’une rêverie conceptuelle, sensible et personnelle, née au contact des images. Voici quatre textes marquant, dans le livre de compte des mouvements de l’esprit que tient tout lecteur, le déficit de la stricte rationalité. Mais s’il sort, EXIT, de la limitative, de la contraignante raison, c’est pour mieux faire rentrer les acquisitions d’une autre logique, conjuguant la rigueur et la dérive, le tranchant dialectique de la pensée et les échappées vers de flottants horizons. Les comptes sont à l’équilibre : la joie prise à la liberté infixable de ces textes et de leur allure s’allie au plus sourcilleux, au plus exigeant respect des opérations de l’intellect.
Eric Rondepierre, EXIT, fictions réfléchies, Marest Editeur, 118p., 19€