Thom Andersen signe avec Los Angeles Plays Itself un documentaire amoureux sur la cité des Anges.
C’est le cinéma qui lui offre ses images mais aussi sa réflexion autour d’une ville utilisée comme décor, personnage et sujet. Il commence par reprocher aux films de trahir leur ville natale en la nommant L.A. au lieu de Los Angeles. L’acronyme péjoratif induit à son endroit une forme de mépris. Très subjectif, le documentaire se poursuit sur ce ton très personnel.
Dans le registre des reproches faits à Hollywood à l’encontre de sa ville tant aimée, il convoque l’héritage architectural moderniste dénigré par le cinéma car toujours associé aux bad guys. Et puis, le documentaire prend un tournant politique lorsqu’il rappelle que les mensonges spatiaux sont surtout là pour gommer la classe prolétaire, mais aussi les minorités ethniques de la ville. Le cinéma donne enfin une conscience à Los Angeles lorsque Roman Polanski avec son Chinatown met en lumière les problèmes économiques et raciaux de l’immense cité, un cauchemar urbain pour certains. Son hommage s’achève sur les images de Cassavetes, Mackenzie, les néo réalistes afro-américains Haile Gerima et Charles Burnett qui rendent visibles ceux qui ont été jusque-là écartés des écrans. Un documentaire-essai absolument remarquable.
Los Angeles Plays Itself, Thom Andersen (2003), U.S.A, documentaire, Carlotta Films.Plus d’informations