Un très riche numéro de la Règle du Jeu, de Bernard-Henri Levy, en librairie, engagé contre une Italie d’extrême droite qui interroge.
L’arrivée au pouvoir en octobre 2022 de Giorgia Meloni et de son parti, Fratelli d’Italia, inquiète. Est-ce le troisième étage de la fusée populiste, souverainiste, xénophobe ? Après les outrances de Forza Italia puis de la Ligue et du Mouvement 5 Etoiles de Beppe Grillo.
L’essayiste Massimo Giannini y voit les dérives d’un dirigisme conservateur « à la polonaise ». L’universitaire Manuela Caiani note la « transnationalisation » de ces droites qui instrumentalisent l’Europe – autrefois détestée – et son « glorieux passé commun »…
Beaucoup pointent la corruption pernicieuse du débat politique et artistique par l’intimidation, portée par une vulgarité débridée. L’écrivain Roberto Saviano, qu’on interdit de micro, dénonce les licenciements abusifs à la RAI. Il décrit avec effarement l’acceptation grandissante d’une certaine mafia, celle qui ne tue pas ouvertement. L’historien Maurizio Ridolfi en déduit une « évanescence de la relation des Italiens avec leurs institutions ». Fataliste et « mélancolique », Philippe Ridet, du Monde, est cité par l’éditrice Teresa Cremisi : « Rien ne peut se passer à Rome qui ne soit déjà advenu. La fin du monde a déjà eu lieu et plusieurs fois. On s’en remet ».