Une cinquantaine de projections, de rencontres, tables rondes et conférences, ainsi que des avant-premières sont proposées lors du festival Récidive, un retour vers 1989.
L’année 1989 est fascinante. La richesse des films qui sortent cette année-là surprend le lecteur qui s’aventurerait à éplucher le programme du festival Récidive. Disons même qu’il donne le tournis ! Se croisent autant de grands cinéastes que de jeunes en devenir. D’Ettore Scola à Pablo Almodovar, de Sydney Lumet à Jim Jarmush, de Martin Scorsese à Wong Kar-wai ou encore de Jacques Rivette à Patricia Mazuy. Et vous êtes loin d’avoir tout lu la liste des films mais, déjà, vous vous prenez à rêver d’un Batman sombre, baroque et parfois même effrayant, d’un jeune garçon italien qui découvre sa passion du cinéma dans son village d’enfance, d’une pizzeria qui flambe en plein Brooklyn, de Milou en mai, de Miss Daisy et son chauffeur et d’Un monde sans pitié, …
1989 semble une année folle pour les cinéphiles, un passage de flambeau entre les anciens et les modernes, entre les cinéastes aimés des sixties et seventies et ceux des années 2000. Les derniers réalisateurs du XXe et les premiers du XXIe. Et ce n’est pas uniquement cinématographiquement que l’année est charnière. Tant d’évènements historiques ont marqué en 1989 la bascule vers le nouveau siècle. Tian’anmen et aujourd’hui l’avènement d’une Chine superpuissance, la chute du Mur de Berlin et la décadence de l’empire russe, bicentenaire de la Révolution française et montée des populismes, Timisoara ou encore l’invasion de Panama et aujourd’hui un monde où les grands équilibres d’hier sont menacés.
L’idée d’un tel festival décortiquant une année cinématographique vient d’une expérience prototype : reconstituer la première édition du Festival de Cannes 1939 qui n’a jamais eu lieu. Tout commence en 2015 lorsque Catherine Martin-Zay et sa sœur Hélène s’adressent à Michel Ferry du cinéma des Carmes. C’était une évidence, leur librairie à elles, la seule indépendante d’Orléans était sur le même pâté de maison que son cinéma à lui, le seul indépendant d’Orléans. Ensemble, ils imaginent la reprise du festival fondé par leur Jean Zay, tout juste panthéonisé. L’idée d’attendre 2019 pour cet évènement permet de construire le succès à venir et donne à cette joyeuse bande, à laquelle il faut ajouter l’historien, écrivain et critique de cinéma, Antoine de Baecque, l’envie de récidiver. Le nom du festival est tout trouvé et ils s’attaquent à l’année 1940, puis à l’année 1968, avant d’aujourd’hui faire le voyage en 1989. Ainsi le festival Récidive permet de se pencher sur une année et d’en découvrir la substantifique moelle. De nombreux invités, historiens, cinéastes, critiques de films, acteurs et universitaires, débâteront, décoderont, discuteront de cinéma et d’histoire et d’histoires du cinéma. Entre autres temps forts, le festival remettra cette année le Grand Prix Jean Zay 2024 à la cinéaste Margarethe von Trotta.
Festival Récidive au cinéma Les Carmes et à l’atelier Canopé, Orléans. Du 25 au 31 mars 2024.